Le Journal de Montreal

L’éthique d’une conseillèr­e municipale mise en doute

Elle a agi comme courtière immobilièr­e pour des maisons que la Ville reluquait

- MATTHIEU PAYEN

Une conseillèr­e municipale de Sorel-Tracy est accusée de manquement à l’éthique pour avoir agi en tant que courtière immobilièr­e dans la vente de deux maisons que la Ville souhaitait acquérir.

Le litige traité par la Commission municipale du Québec (CMQ) concerne deux bâtiments, le 38, boulevard Fiset et le 160, rue Augusta, dont la conseillèr­e Sophie Chevalier s’est vu confier le mandat en octobre 2016 à titre de courtière immobilièr­e.

Or, la municipali­té souhaite depuis plusieurs années acheter ces deux propriétés afin de pouvoir réaménager la route jugée dangereuse à cet endroit.

TROP LONG

« La Ville prenait trop de temps pour se décider. Alors, quand Mme Chevalier, que je connaissai­s, m’a proposé de les vendre, j’ai accepté », explique la propriétai­re des deux maisons, Gaétane Beauchemin.

« C’est sûr qu’un agent prend son pourcentag­e [de la vente] mais s’il peut vendre plus cher, c’est correct », ajoute la dame de

PLAINTE PROJET ARRÊTÉ

bientôt 86 ans qui habite avec ses chats une maison tout près des deux autres.

Interrogée sur Mme Chevalier, Mme Beauchemin a qualifié la conseillèr­e de « personne droite ».

Ce n’est pas l’avis d’un citoyen, qui a déposé en début d’année une plainte à la CMQ, alléguant que Sophie Chevalier a contrevenu au Code d’éthique et de déontologi­e des élus de la Ville.

Selon la plainte, la conseillèr­e municipale aurait utilisé des renseignem­ents confidenti­els et aurait tenté d’influencer des employés de la Ville dans le cadre de la vente des deux maisons.

Mme Chevalier a, depuis, tenté de faire annuler la plainte.

Une demande refusée il y a quelques jours par la CMQ. La Commission souhaite que l’enquête détermine notamment pourquoi Gaétane Beauchemin a pris Sophie Chevalier comme agente et quelles informatio­ns elle a ainsi pu obtenir. La conseillèr­e, qui souhaite se faire élire pour un troisième mandat en novembre, devra comparaîtr­e devant la CMQ le 19 septembre. Jointe au téléphone, elle n’a pas souhaité commenter l’affaire.

Le maire de Sorel-Tracy, Serge Péloquin, préfère lui aussi garder ses commentair­es en attendant l’audience publique.

« Nous avons un code d’éthique pour éviter de nous retrouver en situation de conflit d’intérêts », a-t-il simplement mentionné.

Il nous a aussi affirmé que le projet de réaménagem­ent de la route était pour l’instant sur la glace en attendant la décision de la CMQ.

« DE LA TEMPSVILLE PRENAITPOU­R SE TROP DÉCIDER. ALORS, QUAND MME CHEVALIER, QUE JE CONNAISSAI­S, M’A PROPOSÉ DE LES VENDRE, J’AI ACCEPTÉ » – Gaétane Beauchemin, propriétai­re des maisons

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PHOTO CHANTAL POIRIER L’une des deux maisons situés à chaque extrémité d’une courbe que la ville veut refaire parce qu’elle est jugée dangereuse.
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PHOTO CHANTAL POIRIER L’affiche de Sophie Chevalier.

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