Des abeilles en santé et qui résistent au froid
L’expérience de Sept-Îles permettrait de venir en aide aux ruches du reste du Québec
SEPT-ÎLES | Pendant que les apiculteurs du sud de la province ont perdu en moyenne 30 % de leurs colonies depuis le début de l’année, pas une seule abeille des ruches expérimentales de Sept-Îles n’est décédée.
Les territoires nordiques ne sont pas naturellement attrayants pour les abeilles. Les températures sont froides et les fleurs sauvages sont rares. Présentement, on ne compte qu’une poignée d’apiculteurs sur ce vaste territoire. Mais l’intérêt est grandissant, principalement pour la pollinisation des petits fruits sauvages.
UNE PREMIÈRE
En collaboration avec des scientifiques, Jean-Claude Picard, un apiculteur de Sept-Îles, a participé à une première expérience de ruches d’abeilles domestiques extérieures.
L’objectif est de mettre au point des techniques d’isolation des ruches, une alimentation et une génétique adéquate pour que les abeilles puissent vivre dans des conditions plus arides.
« On fait quoi avec des -34 °C l’hiver ? C’est ce qu’il faut apprendre », dit M. Picard. Nous sommes en train de prouver que ça peut se faire et que, mieux encore, nous obtenons des résultats hors du commun », poursuit l’apiculteur.
SURPRISE
En effet, les 27 ruches septiliennes ont passé l’hiver dehors. Au printemps, les résultats ont surpris tout le monde : toutes les abeilles ont survécu.
« On ne s’attendait pas à ça », dit ÈveCatherine Desjardins, chercheuse au Centre d’expérimentation et de développement en forêt boréale (CEDFOB).
« On pensait que c’était plus ou moins possible. J’ai même eu de la misère à convaincre mon centre de recherche de participer au projet », admet-elle.
La rareté des pesticides sur la Côte-Nord représente un gros avantage pour le développement de l’apiculture.
« Ce qu’on remarque, c’est qu’il n’y a pratiquement pas de problèmes de maladies puisque nous n’avons pas beaucoup d’agriculture avec épandage de pesticides », souligne Mme Desjardins.
« Nous sommes dans des milieux sains, comparativement au sud de Montréal, par exemple, où il y a beaucoup de cultures de toutes sortes », ajoute-t-elle.
La Côte-Nord pourrait donc faire partie des solutions pour venir renforcer les colonies d’abeilles en difficultés.
« Ça pourrait certainement aider à produire des nids avec des reines qui sont intactes des problématiques qu’on voit plus au sud et elles pourraient ensuite y être envoyées pour aider », observe Mme Desjardins.
AVENIR PROMETTEUR
Nicolas Tremblay, conseiller du Centre de recherche en sciences animales de Deschambault, se spécialise dans le domaine des abeilles. Il se promène partout dans la province pour aider les apiculteurs et il abonde dans le même sens.
« Si on pouvait aller chercher cette génétique de reines nordiques qui hivernent mieux, qui supportent mieux les longs hivers, ce pourrait être intéressant pour l’ensemble du Québec », note-t-il.