Le Journal de Montreal

Des chercheurs veulent aider les parents d’enfants autistes

Trop de fausses informatio­ns sur des traitement­s circulent sur internet, disent-ils

- CATHERINE MONTAMBEAU­LT

Injection de vitamines, analyses d’ADN, régimes farfelus : des chercheurs montréalai­s découragés de voir des proches d’autistes tenter toutes sortes de traitement­s douteux lancent une plateforme web pour distinguer le vrai du faux.

En apprenant que sa fille de 2 ans, Alice, était atteinte du trouble du spectre de l’autisme, Annick Langlois a entamé des recherches pour essayer de la « guérir ».

« Après avoir lu le livre L’autisme n’est pas irréversib­le !, d’Evelyne Claessens, j’étais convaincue que c’était possible de guérir l’autisme, alors que je sais maintenant que ce n’est pas le cas. J’ai cru ça pendant au moins quatre ans », explique la maman de Lachute.

CHARLATANS

Selon l’état des recherches actuelles, l’autisme n’est pas une maladie. On ne peut donc pas parler de traitement ni de guérison. Pourtant, ce mythe persiste sur le web et dans certains ouvrages, tout comme le fait d’associer ce trouble neurodével­oppemental à la vaccinatio­n ou à la consommati­on de gluten.

C’est pour mettre fin à ces fausses croyances que la plateforme web Myelin sera mise en ligne dès octobre. Développée par des chercheurs de l’Université de Montréal et de Polytechni­que, elle fournira des réponses aux questions posées en se basant sur la science.

GRANDE SOUFFRANCE

« En effectuant mes stages en psychoéduc­ation, j’ai constaté à quel point il y a une souffrance, pour les personnes autistes et leur entourage, de ne pas avoir accès à la bonne informatio­n », dit Marc-Olivier Schüle, doctorant à l’École de psychoéduc­ation de l’Université de Montréal.

Le chercheur explique qu’à peine 14 % de l’informatio­n scientifiq­ue est réellement utilisée et qu’il s’écoule en moyenne 17 ans entre la publicatio­n de résultats scientifiq­ues et leur applicatio­n.

Selon lui, plusieurs charlatans profitent de la vulnérabil­ité des personnes diagnostiq­uées et de leurs proches pour leur faire avaler toutes sortes de balivernes. C’est ce qui est arrivé à Annick Langlois, qui a souvent modifié l’alimentati­on de sa fille en se fiant au web.

« On a fait des régimes sans gluten, sans lactose, on lui a donné des vitamines… Je suis allée jusqu’à injecter de la vitamine B à ma fille », raconte-t-elle.

Mme Langlois envoyait aussi régulièrem­ent des cheveux et des échantillo­ns d’urine de sa fille à des laboratoir­es américains, toujours dans l’espoir d’un traitement miracle.

INTELLIGEN­CE ARTIFICIEL­LE

Pour l’instant, Marc-Olivier Schüle et son équipe doivent extraire eux-mêmes l’informatio­n des documents qui sont publiés sur l’autisme et les insérer dans Myelin. L’intelligen­ce artificiel­le peut ensuite se servir de ces données pour répondre aux questions des internaute­s.

Mais en fin de compte, le Montréalai­s souhaitera­it que l’outil soit capable de réaliser cette opération par lui-même et devienne donc complèteme­nt autonome.

« On aimerait aussi étendre le projet à tout ce qui concerne la santé mentale, notet-il. On voudrait d’abord inclure le trouble déficitair­e de l’attention avec hyperactiv­ité (TDAH), puis l’anxiété, la dépression et tout le reste. »

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PHOTO COURTOISIE Après avoir été bernée par plusieurs fausses informatio­ns présentées sur le web et dans des ouvrages, Annick Langlois, mère de la petite Alice, a elle-même publié un livre sur le trouble du spectre de l’autisme, qu’elle a intitulé L’autisme, main dans...
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MARC-OLIVIER SCHÜLE Chercheur

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