Le Journal de Montreal

Ils sont déçus par la classe politique

La communauté musulmane regrette le rejet du projet de cimetière à Saint-Apollinair­e

- NICOLAS LACHANCE

QUÉBEC | La page est difficile à tourner pour la communauté musulmane de Québec, six mois après la tuerie, surtout à la suite des messages haineux reçus à la mosquée et le rejet du projet de cimetière à Saint-Apollinair­e.

« Les blessures ne sont pas tout à fait guéries, surtout avec le résultat du référendum », soutient Mohamed Labidi, le président du Centre culturel islamique de Québec (CCIQ).

« Ç’a rouvert les plaies. Il y a de la tristesse. Le malaise persiste dans la communauté », indique-t-il en entrevue au Journal.

« VOUS L’AUREZ »

Il affirme également que les politicien­s ont brisé les promesses qu’ils avaient faites dans les jours suivant la tragédie.

« On attend la concrétisa­tion de certaines promesses de nos élus, comme le projet de cimetière. On nous a dit : “Vous l’aurez votre cimetière”. On voit que, finalement, nous sommes toujours dans l’impasse », explique-t-il.

Il rappelle cependant qu’à la suite de l’attentat, la communauté musulmane de Québec a bénéficié d’un gigantesqu­e élan de générosité et d’appuis de la part des Québécois.

CARTES BROUILLÉES

« Jusqu’au référendum, nous pensions que nous avions de grandes ouvertures de la société. Ce référendum vient brouiller les cartes. On revit beaucoup de mauvais souvenirs », dit M. Labidi.

Cette incompréhe­nsion s’est aggravée avec le colis haineux reçu à la mosquée la semaine dernière.

M. Labidi sait que « ce n’est pas toute la société qui est comme ça », mais qu’une très faible minorité « est aveuglée par de fausses idées ».

En réalité, dit-il, le mouvement de soutien est toujours présent.

« La sympathie des gens est toujours là. Elle se manifeste toujours. Tout le temps, nous avons des gens qui viennent nous conforter, relate M. Labidi. L’union avec les gens progresse malgré ces embûches. »

LES GUINÉENS AUSSI

La communauté guinéenne, qui a perdu deux de ses membres lors de l’attentat, est également très déçue du résultat du référendum sur un cimetière. Le président de l’Associatio­n des Guinéens de Québec, Souleymane Bah, dénonce l’extrême prudence de la classe politique.

« Je pense que les politiques n’ont pas joué leur rôle pour arriver à conscienti­ser [la population] », indique-t-il, se disant déçu que d’autres maires du Québec ne se soient pas levés pour défendre la volonté des musulmans de posséder un cimetière qui leur est consacré.

« Il ne faut pas avoir peur de se mouiller en politique », lance-t-il. — Avec la collaborat­ion

de Dominique Lelièvre

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PHOTO LE JOURNAL DE QUÉBEC, STEVENS LEBLANC Mohamed Labidi, président du CCIQ, se dit déçu par la classe politique, mais rappelle que « la sympathie des gens est toujours là ».

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