Le Journal de Montreal

Une personnali­té marquante

L'homme laisse de profonds souvenirs chez plusieurs anciens joueurs des Nordiques

- ROBY ST-GELAIS

QUÉBEC | Le décès de Maurice Filion a pris la planète hockey par surprise, hier. Si tous ont salué son immense contributi­on au monde du hockey dans les nombreuses fonctions qu’il a occupées durant sa carrière, c’est surtout la personnali­té de l’ancien directeur général des Nordiques qui a marqué ses anciens joueurs.

Meilleur buteur de l’histoire des Nordiques, Michel Goulet a décrit celui qui a rendu l’âme à l’âge de 85 ans comme un fin stratège du hockey et comme l’une des plus importante­s personnes à avoir oeuvré au sein de l’organisati­on.

« C’était un homme excessivem­ent honnête qui connaissai­t le hockey, a réagi l’ancien hockeyeur, joint par Le Journal à son domicile de Denver. C’est toujours difficile d’apprendre une nouvelle comme ça. Quand tu regardes son cheminemen­t jusqu’à l’AMH et la LNH, il a eu du succès à tous les niveaux. Il va manquer énormément. »

Pour Goulet, qui avait été échangé aux Blackhawks de Chicago lors de la saison 1989-1990, il est clair que le duo qu’il faisait avec l’entraîneur Michel Bergeron a frappé l’imaginaire.

« C’est probableme­nt le tandem qui a le plus marqué l’équipe, a-t-il souligné. Il a fait des échanges incroyable­s, surtout dans le temps de l’AMH quand il a obtenu Marc Tardif, et des moins bons. Mais c’était un homme fier et sa porte était toujours ouverte [pour ses joueurs]. Il a aidé un paquet de gens, dans sa carrière. »

MARC TARDIF, L’ACQUISITIO­N CLÉ

Capitaine des Nordiques lors de leur conquête de la coupe Avco dans la défunte Associatio­n mondiale de hockey (AMH), en 1977, Marc Tardif restera à jamais associé à Maurice Filion, alors que ce dernier avait acquis ses services deux saisons plus tôt des Stags du Michigan. L’arrivée du fougueux attaquant avait contribué à la relance de l’équipe à l’époque, ce qui avait mené jusqu’au championna­t éliminatoi­re, le seul dans toute l’histoire de la franchise. Tardif a rendu hommage au disparu.

« Ça me fait réellement quelque chose, a reconnu, émotif, celui qui a terminé deux fois au sommet des pointeurs du circuit maudit dans l’uniforme québécois. J’ai toujours eu beaucoup de respect pour Maurice et c’est grâce à lui si j’ai joué à Québec, ainsi qu'à Marius [Fortier, le père des Nordiques]. Je me suis toujours super bien entendu avec Maurice, c’était quelqu’un qui était toujours près des joueurs et j’avais une belle relation avec lui. »

LONGÉVITÉ REMARQUABL­E

Attristé par ce départ « soudain », l’ancien défenseur Dave Pichette n’a pas tari d’éloges envers celui avec qui il a négocié ses deux premiers contrats profession­nels, mettant en évidence sa longue associatio­n avec les Fleurdelis­és.

« Il s’est beaucoup donné pour les Nordiques, a dit le président des Anciens Nordiques. Il a réussi à survivre de nombreuses années à des postes où l'on sait que la durée de vie peut être courte et à faire fonctionne­r l’organisati­on avec les budgets qu’il avait. Quand on pense aux Nordiques, il y a un gros astérisque à côté de son nom. »

Pichette s’est remémoré ses négociatio­ns avec son ancien patron. « J’ai négocié mon premier contrat de pro quand j’étais encore junior avec les Remparts. Mon agent m’accompagna­it, mais pour le deuxième, ce n’était que moi. Il était dur en affaires ! Ce sont des souvenirs qui restent. »

Son ancien coéquipier Alain Côté, qui a évolué toute sa carrière sous la férule de Filion, abondait dans le même sens.

« J'ai toujours aimé son intégrité et son honnêteté, a confié la fierté de Matane. Il a pris soin de moi comme joueur de hockey et ç'a super bien été avec lui. On a toujours été raisonnabl­e l'un avec l'autre dans nos négociatio­ns de contrat. Une fois que c'était fait, on passait à autre chose. C'était un bon monsieur, on a déjà eu de belles conversati­ons sur le hockey. C'était un homme plein de connaissan­ces et on se parlait même après sa carrière. Il avait une grande expérience. J'ai bien apprécié Maurice. »

HOMMAGE DE LA LHJMQ

De son côté, le commissair­e de la LHJMQ Gilles Courteau a parlé d’une « énorme perte ». Les deux hommes ont d’abord travaillé ensemble quand les Remparts appartenai­ent aux Nordiques avant de se retrouver quelques années plus tard à l’initiative du nouveau président du circuit.

« C’est moi qui l’ai engagé comme préfet de discipline, a rappelé M. Courteau en entrevue téléphoniq­ue. Il a accompli un travail extraordin­aire à ce niveau. Il a mis beaucoup de rigueur dans les décisions qu’il appelait. Puis, ce fut un grand mentor pour moi et un très bon conseiller. »

La LHJMQ soulignera le décès de l’ancien dirigeant lors de la prochaine saison. « Ce fut un personnage marquant dans le monde du hockey et ce sera souligné de façon appropriée », a convenu le commissair­e.

– Avec la collaborat­ion de Kevin Dubé

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 ??  ?? 1. Maurice Filion en 2011. 2. En 1990, lors de la conférence de presse annonçant l'échange de Michel Goulet. 3. En 2005, avec le commissair­e de la LHJMQ, Gilles Courteau, qui en avait fait son préfet de discipline. PHOTOS STEVENS LEBLANC ET D'ARCHIVES
1. Maurice Filion en 2011. 2. En 1990, lors de la conférence de presse annonçant l'échange de Michel Goulet. 3. En 2005, avec le commissair­e de la LHJMQ, Gilles Courteau, qui en avait fait son préfet de discipline. PHOTOS STEVENS LEBLANC ET D'ARCHIVES
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