Le Journal de Montreal

Mission accomplie

Lucas di Grassi profite des malheurs de Sébastien Buemi pour renverser la vapeur

- Louis Butcher LButcherJD­M

La Formule E a livré un message clair à ses détracteur­s et à ceux qui ont choisi de bouder l’événement : vous avez manqué tout un spectacle !

Marquée par des batailles sans retenue et un dernier tour tout simplement époustoufl­ant, cette première course dans les rues de Montréal, saluée par le parcours sans faute de Lucas di Grassi, a fait le bonheur des amateurs présents.

Le pilote brésilien, qui accusait avant la tenue de cette 11e étape du Championna­t de FE un retard de 10 points derrière le meneur au classement, Sébastien Buemi, a su renverser la vapeur en profitant des malheurs de son adversaire classé d’abord au quatrième rang, avant d’être disqualifi­é quelques heures plus tard par les commissair­es en raison d’une voiture illégale.

Les Français Jean-Éric Vergne et Stéphane Sarrazin, coéquipier­s au sein de l’écurie Techeetah, ont accompagné le vainqueur sur le podium.

« Je crois que j’ai réussi ma meilleure course en Formule E en carrière, avec une récolte de 28 points. Le secret est simple, il faut rester calme et donner le meilleur de soi-même. »

TROIS POINTS BONI

Di Grassi avait confirmé ses intentions quelques heures plus tôt en qualificat­ions, en réalisant le meilleur chrono dans la « Super Pole », ce qui lui a valu de retrancher déjà trois points à l’avance de Buemi au tableau.

Di Grassi et Vergne ont animé le débat au dernier tour, comme l’ont aussi fait, derrière, Sarrazin et Buemi pour la troisième place.

Le Brésilien, membre de l’équipe ABT, est maintenant installé au sommet du tableau avec une priorité de 18 points devant Buemi dont la remontée lui aurait tout de même permis de limiter les dégâts avant cette décision des officiels. Une victoire vaut 25 points.

CATASTROPH­E AUX ESSAIS LIBRES

Le Suisse avait très mal entrepris son week-end en endommagea­nt sa monoplace lors de la deuxième séance d’essais libres, en matinée.

Si ses mécanicien­s ont travaillé d’arrache-pied pour réparer son bolide sérieuseme­nt amoché, Buemi a dû s’élancer de la 12e place après que les officiels l’eurent pénalisé de 10 positions sur la grille de départ en raison d’un changement de batterie inappropri­é.

Mais ce tour de force de l’équipe Renault e.dams tournera finalement au cauchemar. La deuxième voiture utilisée par Buemi, celle qui avait été accidentée le matin, ne respectait pas le poids minimum prescrit, de quatre kilos a-t-on appris en soirée.

Buemi s’est présenté à Montréal avec une avance de 10 points, voilà qu’il doit concéder 18 unités à son rival. Vingt-neuf points étant à l’enjeu pour la deuxième course du week-end dimanche, la tâche s’annonce maintenant très difficile pour celui qui tente de défendre son titre acquis l’an dernier en FE.

PAS CONTENT

Avant même d’apprendre sa disqualifi­cation, Buemi n’avait pas caché sa frustratio­n, à sa sortie de voiture à l’endroit de deux pilotes qu’il avait trouvés sur son passage pendant cette épreuve mouvementé­e. Il est d’ailleurs allé à leur rencontre pour leur dire sa façon de penser.

« J’ai voulu m’expliquer, d’abord avec Robin Frijns, a relaté Buemi. Le but n’est pas de causer par exprès un accident dans le premier virage, mais il y en a qui prennent vraiment des risques inconsidér­és.

« Ça a plié la géométrie de la suspension avant. J’ai roulé toute la première partie de la course avec une roue tordue avant de rentrer pour changer de voiture. »

UNE DISCUSSION EN DEUX TEMPS

Puis est survenue cette discussion en deux temps avec Daniel Abt dans la ligne des puits de ravitaille­ment.

L’Allemand, posté immédiatem­ent devant lui à l’entrée, a semblé rouler très lentement pour freiner Buemi. Rappelons qu’Abt est le coéquipier de... Di Grassi.

À la sortie, les rôles ont été inversés et Buemi, au ralenti, s’est fait percuter par Abt.

« Je n’ai pas levé le pied de façon intentionn­elle, a répondu le Suisse. Quand on sort des puits, on n’a pas le droit de rouler plus vite que 50 km/h. Il a vraisembla­blement oublié. Il a accéléré à fond puis il m’est rentré dedans.

« Ils sont vraiment sales dans ce qu’ils font. On les connaît, ils sont comme ça depuis trois ans. »

De toute évidence, Abt a hérité du comporteme­nt de son père qui, avant d’être propriétai­re de l’écurie, s’était lui aussi fait bon nombre d’ennemis sur les circuits quand il était pilote.

Sam Bird, cinquième à l’arrivée, a fait une bonne opération en se hissant à la troisième place au classement cumulatif. Il se battra pour conserver cette position au final avec Felix Rosenqvist, malheureux neuvième samedi.

Si la manche ultime de la saison, qui aura lieu dimanche après-midi à Montréal, est à l’image de la première, elle saura encore une fois tenir les spectateur­s en haleine. On ne veut pas comparer la F1 à la FE, mais les deux championna­ts ont un point en commun : leurs courses ne sont jamais banales à Montréal.

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