Le Journal de Montreal

Pris une semaine sur un bateau

Les écluses du canal Rideau fermées

- CHRISTOPHE­R NARDI

OTTAWA | Une dizaine de Québécois en bateau de plaisance ont vu leurs vacances tomber à l’eau. Ils sont « emprisonné­s » depuis plus d’une semaine sur le canal Rideau parce que Parcs Canada refuse d’ouvrir certaines écluses.

« Ça n’a aucun bon sens. On est de plus en plus de bateaux qui s’accumulent entre les écluses, on ne peut pas partir, et Parcs Canada ne nous dit absolument rien. Nos fosses septiques sont pleines et là, les tensions commencent à monter entre les voyageurs », raconte François Gagnon, furieux.

Le 24 juillet, Parcs Canada a annoncé la fermeture éclair de la quasi-totalité des 28 sites d’écluses qu’elle contrôle le long du canal Rideau en raison d’importante­s pluies qui ont rapidement fait monter les niveaux et les débits d’eau du canal.

Conséquenc­e, une centaine de vacanciers sont pris en otage depuis huit jours aux écluses à Seeley’s Bay, près de Kingston, en Ontario.

Ainsi, bon nombre d’entre eux sont obligés de prendre des journées de congé du travail à leurs frais, à défaut de pouvoir rentrer à la maison ou même de faire demi-tour.

Dans le cas de M. Gagnon, il doit payer 40 $ par nuit pour s’amarrer à une marina, ce qu’il n’avait pas prévu à son budget. Pour acheter de la nourriture, de l’eau et d’autres victuaille­s pour sa famille, il a réussi à emprunter la voiture d’une âme charitable vivant à proximité.

Pire encore : son beau-père, avec qui il voyage, n’a plus de médicament­s depuis trois jours et aucune pharmacie du secteur ne peut le dépanner.

PAS D’INFORMATIO­N

« On commence à manquer de bouteilles d’eau et on n’a plus d’eau propre pour nous doucher et laver notre vaisselle. C’est vraiment une situation merdique. En plus notre fosse septique est pleine », s’insurge pour sa part Caroline Thibault, une autre Québécoise qui fait partie d’un groupe de 24 adultes qui voyagent avec leurs 24 enfants sur sept bateaux.

Au total, une demi-douzaine de voyageurs qui ont parlé au Journal dénoncent le fait qu’ils reçoivent de l’informatio­n au compte-gouttes de la part du ministère. Ils disent même qu’on leur promet tous les jours d’ouvrir les écluses avant de se renier à la fin de la journée.

« C’est la septième année que je passe mes vacances sur le canal Rideau avec mon bateau et c’est la première fois que ça m’arrive d’être pris une semaine comme ça, sans communicat­ions. Parcs Canada se moque de nous », s’exclame à son tour André Vinet.

Ce dernier était d’autant plus furieux qu’un bateau de croisière a reçu l’aval de Parcs Canada pour passer « exceptionn­ellement » par les écluses dimanche, sous le regard jaloux des vacanciers « emprisonné­s ».

Au moment d’écrire ces lignes, Parcs Canada n’avait toujours pas répondu aux messages du Journal.

« 24 À 48 HEURES »

Sur sa page Facebook, l’organisme fédéral a écrit que ses employés travaillai­ent d’arrache-pied pour remédier à la situation. Or, mercredi et vendredi dernier, Parcs Canada a également indiqué que les écluses devraient toutes êtres rouvertes dans les 24 à 48 prochaines heures, ce qui ne s’est pas avéré.

De nombreux internaute­s n’ont pas hésité à se déchaîner sur la page du ministère. « Mensonge par-dessus mensonge de Parcs Canada ! Merci pour nos vacances saccagées ! », a notamment écrit Stéphane Desrochers.

 ??  ??
 ?? PHOTO COURTOISIE, SOPHIE LACOMBE ?? De nombreux Québécois se disent « emprisonné­s » sur leur bateau depuis plus d’une semaine à Seeley’s Bay, près de Kingston, parce que Parcs Canada refuse d’ouvrir certaines écluses depuis une pluie torrentiel­le la semaine dernière.
PHOTO COURTOISIE, SOPHIE LACOMBE De nombreux Québécois se disent « emprisonné­s » sur leur bateau depuis plus d’une semaine à Seeley’s Bay, près de Kingston, parce que Parcs Canada refuse d’ouvrir certaines écluses depuis une pluie torrentiel­le la semaine dernière.

Newspapers in French

Newspapers from Canada