Le Journal de Montreal

Il fait la grève de la faim pour pouvoir se baigner à Rawdon

Les ambulancie­rs ont dû emporter l’homme affaibli par ses 11 jours sans manger

- GENEVIÈVE QUESSY

RAWDON | Après 11 jours de grève de la faim pour qu’on lui donne le droit de se baigner dans les cascades de Rawdon, un homme a accepté que les ambulancie­rs le transporte­nt à l’hôpital, hier.

« Je suis victime d’une injustice. La municipali­té m’empêche de me baigner alors que beaucoup de gens le font et que c’est toléré », clame Stéphane Breault.

La baignade est interdite près de la chute et des cascades de Rawdon, dans Lanaudière. Plusieurs accidents, voire des noyades y ont eu lieu au fils des ans. Ça n’empêche pas de nombreux baigneurs d’enfreindre le règlement, dit-il.

ACCUSATION­S CRIMINELLE­S

Celui-ci est un habitué. Si bien qu’il a accumulé près de 800 $ d’amendes. Il a même passé 24 heures en prison pour avoir troublé la paix alors qu’il refusait de sortir de l’eau à la demande d’un agent de sécurité.

« La police est venue me chercher au Tim Hortons pour me demander de signer un engagement à ne plus me baigner. J’ai refusé, alors ils m’ont embarqué. »

Stéphane Breault a dû s’engager devant la cour de Joliette, le 19 juillet, à ne plus retourner près des cascades. Il a plaidé non coupable à des accusation­s d’intrusion de nuit ainsi que d’entrave au travail des agents de la paix. Il a alors entrepris une grève de la faim. Il dit n’avoir rien mangé depuis.

« MON PARADIS »

« C’est cet endroit qui m’a redonné le goût de vivre après un traumatism­e grave, explique-t-il. J’ai des douleurs chroniques au dos et me baigner est la seule façon de me soulager. C’est mon paradis, ici, et je considère que ça devrait être un droit pour tout le monde de se baigner en tout temps, en tous lieux. »

Il raconte avoir déménagé à Rawdon il y a 11 ans pour pouvoir se baigner à cet endroit. Ce qu’il ferait plus de 60 jours par an, beau temps mauvais temps.

« Mon action, je la fais en espérant qu’un avocat se présentera pour m’aider à me défendre pro bono. Je veux aussi demander au gouverneme­nt de faire une loi pour permettre à tous les gens de 15 ans et plus de se baigner où ils le veulent, quand ils le veulent, sans que personne d’autre qu’euxmêmes puisse être tenu responsabl­e en cas d’accident. »

Affaibli, M. Breault a suivi, hier, les ambulancie­rs appelés par ses amis inquiets. Le directeur général de la Ville de Rawdon, François Dauphin, observait la scène. Il était prêt à faire intervenir la police.

« Chacun a le droit d’exprimer ses conviction­s, mais ça fait assez longtemps qu’il est là. On a compris son message et on le communique­ra au prochain conseil municipal. »

Hors de question, toutefois, de permettre la baignade aux cascades. « C’est un endroit dangereux et les assurances ne couvrent pas en cas d’accident », soutient-il.

M. Breault n’a pas l’intention de reprendre sa grève de la faim. Son procès aura lieu le 12 septembre à Joliette.

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PHOTO COLLABORAT­ION SPÉCIALE, GENEVIÈVE QUESSY Stéphane Breault a été transporté en ambulance à sa 11e journée de grève devant l’hôtel de ville de Rawdon.
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PHOTO D’ARCHIVES Les cascades de Rawdon sont dangereuse­s.

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