Le Journal de Montreal

POUR LE MEILLEUR ET POUR LE PIRE

La Formule E au centre-ville de Montréal pour y rester

- Louis Butcher LButcherJD­M louis.butcher@quebecorme­dia. com

Denis Coderre n’en démord pas, la Formule électrique est à Montréal pour y rester et nulle part ailleurs qu’au centre-ville.

Comme il l’a fait au cours des deux dernières semaines, le maire est venu à nouveau défendre la tenue de sa course, mais cette fois au lendemain des deux premières épreuves à avoir été présentées dans sa ville.

L’heure était donc au bilan hier, pour le premier magistrat, qui a admis que cette expérience ne s’était pas déroulée sans heurt.

« Oui, il y a des choses à améliorer, a répondu Coderre. Il y a eu de l’inconfort et des mécontents, mais pour une première fois, c’était assez extraordin­aire. Hors de toutes attentes. Nous l’avons vécu et maintenant, on va s’ajuster. Le chaos appréhendé n’a pas eu lieu.

«C’est aussi le prix à payer pour faire partie ses grands. »

POUR DONNER L’EXEMPLE

Ces grands, ce sont ces mégapoles à travers le monde qui ont accepté de plonger dans cette aventure de la FE. Pour le meilleur et pour le pire.

Ces villes qui veulent contribuer au virage écologique et inévitable des modes de transport de demain. Pour éviter que ces endroits populeux comme Montréal ne deviennent un jour insupporta­bles en termes de pollution. On veut donner l’exemple.

La FE se veut, aux yeux de ses promoteurs, le meilleur outil pour sensibilis­er le public à cette nouvelle réalité.

La congestion automobile, la grogne des commerçant­s et des résidents ne changeront rien. L’événement aura lieu l’an prochain et en 2019, tout au moins. Avec une option de prolongati­on de trois ans.

« Ce n’est pas une dépense, a répété le maire, c’est un investisse­ment. »

45 000 SPECTATEUR­S, VRAIMENT ?

Le maire ne sera jamais au bout de ses peines. C’est de l’argent public qui a été injecté dans cette aventure coûteuse.

Les contribuab­les veulent des informatio­ns concrètes, mais ce bilan n’a pas révélé hier les vrais chiffres malgré l’insistance des médias qui auraient voulu aussi connaître la proportion des gens ayant acheté leurs billets en fin de semaine.

Tout en se considéran­t, avec raison, que cette statistiqu­e, avancée par le promoteur evenko, selon laquelle 45 000 spectateur­s se seraient déplacés pendant les deux jours paraît exagérée, voire irréaliste.

AGAG : « UN… GRAND SUCCÈS »

Coderre s’est assuré d’avoir à ses côtés, le président de la FE, Alejandro Agag, son meilleur allié, qui n’a pas ménagé les éloges pour Montréal.

Si le maire a déclaré « mission accomplie » devant les journalist­es réunis à l’hôtel de ville, Agag, lui, est allé encore plus loin.

« J’ai deux mots pour décrire le premier ePrix de Montréal, a souligné Agag et c’est… grand succès. Depuis notre course inaugurale [le 13 septembre 2014 à Pékin, en Chine], nous avons présenté une trentaine d’épreuves à travers le monde et je dirais que ce fut, le week-end dernier, l’une des meilleures, sinon la meilleure organisée à ce jour. »

UN FAUX DÉBAT

Agag est venu, à son tour, rappeler que les courses de FE devaient avoir lieu au coeur des villes et nulle part ailleurs, tout en se disant estomaqué du traitement très particulie­r accordé par les médias locaux.

« Cet acharnemen­t des journalist­es à Montréal, a-t-il fait savoir, est unique au monde. Je n’en reviens pas. Entre autres, toutes les allégation­s selon lesquelles Montréal est la seule ville à investir dans la FE sont fausses et fantaisist­es. D’autres villes y contribuen­t, mais ce sont des informatio­ns confidenti­elles. »

Agag a aussi affirmé, à l’instar du président de la Fédération internatio­nale de l’automobile, Jean Todt, qui s’est d’ailleurs fait un devoir d’assister au ePrix de Montréal, qu’en aucun temps, il n’a été question de présenter cette course au circuit Gilles-Villeneuve.

Or, nos archives indiquent clairement que le site du Grand Prix du Canada à l’ÎleNotre-Dame avait été envisagé lors des premières discussion­s.

« Vous avez créé un faux débat, rétorque Agag. La vocation de la FE, c’est de courir au coeur de la ville avec les gratte-ciel comme décor. On veut se déplacer vers la population. Le circuit Gilles-Villeneuve n’est pas au centre-ville. »

Tous les intervenan­ts de la FE, y compris les pilotes, ont louangé la configurat­ion du circuit et les infrastruc­tures temporaire­s aménagées à proximité.

« C’est un tracé inédit avec des montées et des descentes, a insinué Agag. Si ça dépendait de moi, on le conservera­it. Cependant, certains bâtiments seront reconstrui­ts dans ce secteur-là, m’a-t-on dit. S’il faut revoir certaines portions de la piste, nous serons d’accord, mais il va falloir que ça reste au centre-ville. »

Le président de la FE a fait allusion aux nouvelles installati­ons de Radio-Canada qui seront érigées en plein coeur de l’endroit où les paddocks ont été installés.

UNE COURSE DE SOUTIEN ?

Coderre n’a pas caché, par ailleurs, qu’il fallait trouver une façon de bonifier l’horaire de son événement. Du moins sur la piste.

Les spectateur­s ont dû patienter presque trois heures entre la séance de qualificat­ions, que, en passant, les gens ont boudée faute d’intérêt, et la course de FE en fin d’après-midi.

« Nous comptons ajouter une autre épreuve, a conclu Coderre, pour combler les temps morts. »

Ne soyez pas surpris si la série de courses regroupant des voitures de marque Tesla, qui doit voir le jour aux États-Unis cet automne, soit ajoutée à l’horaire de la compétitio­n.

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