Des mois d’attente pour les réfugiés
Des familles comme celle-ci ont commencé à être transportées en autobus jusqu’au Stade olympique hier, où elles entameront un long processus d’immigration.
« Je vivais de la persécution en Haïti et lorsque je suis arrivée aux États-Unis, j’étais de nouveau persécutée. Je devais venir au Canada pour avoir une meilleure vie pour mon fils », raconte Saintil Étienne, qui s’est réfugiée illégalement à Montréal.
La jeune mère de 33 ans a traversé la frontière canadienne le 23 juillet avec son fils Gustavo âgé d’à peine 1 an. Ils vivent tous deux à l’hôtel depuis près d’une dizaine de jours en attendant d’avoir accès à un logement et à de l’argent de l’aide sociale. « Je veux faire mes études et travailler au Canada. J’aimerais aussi que mon mari et mon autre enfant, qui sont restés à Haïti, puissent venir nous rejoindre bientôt », souligne-t-elle. Mme Étienne vivait aux États-Unis depuis sept mois, et comme bien d’autres migrants d’origine haïtienne, elle a décidé de fuir ce pays en raison des menaces du président Donald Trump.
MENACÉS D’EXPULSION
Ce dernier veut retirer le statut de protection temporaire accordé par l’ancien président Barack Obama aux Haïtiens à la suite du tremblement de terre de 2010. Ce statut leur permettait de travailler légalement en sol américain.
Près de 58 000 personnes pourraient donc être expulsées vers Haïti dès janvier prochain.
Paulin Michel, qui est arrivé au Canada il y a à peine quatre jours, a aussi fui les politiques du président américain, craignant pour sa vie s’il retourne dans son pays d’origine. L’homme de 40 ans aimerait beaucoup que son enfant et sa femme, qu’il n’a pas vus depuis plus de trois ans, viennent le rejoindre au Canada. « C’est un pays accueillant pour les Haïtiens, où l’on peut bien vivre », dit-il.
EXPLOSION DE DEMANDES
À La Maison d’Haïti, qui aide les immigrants originaires de ce pays à s’installer à Montréal, la responsable de l’accueil est débordée depuis deux semaines devant le nombre de demandes d’aide qu’elle reçoit. Une vingtaine de familles qui ont fui les États-Unis passent chaque jour dans ses locaux, en plus des nombreux appels.
Emmanuel Yvon et sa femme Guerda Davilus, arrivés illégalement au Canada le 10 juillet, étaient d’ailleurs venus hier chercher des informations pour demander un permis de travail. Leurs amis Clotide Saint-Paul et son mari Ebens Jean-Baptiste avaient aussi espoir de s’installer définitivement au Canada.
« En Haïti, j’étais menacé de mort, dit Emmanuel Yvon. Alors, je suis allé au Brésil, mais il y a trop de racisme là-bas. Ensuite, aux États-Unis, j’ai su que le président voulait nous déporter, alors nous sommes partis. »