Des patients auraient refait des tests mal conservés
Des échantillons de sang et d’urine présenteraient des problèmes d’hygiène et de température
« SOITJE NE ENCORE COMPRENDSDANS UN PAS ENTREPÔT.QU’ON ÇA ME DÉPASSE UN PEU. ON VOIT DES ÉCHANTILLONS TRAÎNER À DES ENDROITS QUI N’ONT PAS D’ALLURE. » – Josée Fréchette, syndicat de l’APTS du CUSM
Les prélèvements de sang et d’urine reçus au CUSM en provenance de différents hôpitaux sont encore livrés dans un entrepôt, déplorent des technologistes médicaux qui constatent des problèmes d’hygiène et de température.
« Je ne comprends pas qu’on soit encore dans un entrepôt. Ça me dépasse un peu, déplore Josée Fréchette, du syndicat de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS). On voit des échantillons traîner à des endroits qui n’ont pas d’allure, c’est assez important. »
Depuis l’ouverture du site Glen du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), en 2015, la réception des échantillons de plusieurs hôpitaux se fait sur un « quai de livraison » qui ressemble à un garage, au sous-sol. Ils sont ensuite analysés au laboratoire central, au quatrième étage.
Il y a un an, l’APTS avertissait déjà que les conditions (température, hygiène) de cet entrepôt n’étaient pas bonnes. À l’époque, le CUSM avait répondu que la situation était temporaire et que la réception des prélèvements aurait lieu au laboratoire central dès décembre 2016. Or, « rien n’a changé », assure Mme Fréchette. Selon l’APTS, des prélèvements doivent même être refaits parce qu’ils ne sont pas conservés dans les bonnes conditions. Par exemple, un test de VIH qui devait être conservé sur de la glace a été reçu à la température ambiante.
« On n’a jamais pu faire le test, dit un employé qui a requis l’anonymat. Le patient a dû refaire un autre échantillon. »
RETARDS DE TRAITEMENT
Un test de dépistage de la tuberculose a aussi dû être refait, ce qui a entraîné un retard de six semaines pour le patient.
« Ça a un impact sur le début du traitement des patients, dit Mme Fréchette. Plus vite on a le diagnostic, plus tôt on commence le traitement. »
La direction du CUSM a répondu hier que la livraison directe au laboratoire se fera « d’ici deux ans », car une seule entreprise sera embauchée dans le cadre du projet Optilab. Mais comme plusieurs entreprises livrent actuellement, ce quai assure la sécurité, répond la direction.
Récemment, Le Journal a pu accéder à l’entrepôt sans aucune barrière de sécurité. Par ailleurs, la direction du CUSM nie les problèmes soulevés par l’APTS et assure que les échantillons sont bien conservés.
« Tous les échantillons sont toujours préservés à la température à laquelle ils sont reçus », indique Vanessa Damha, porte-parole du CUSM.
Un employé est d’ailleurs affecté à la non-conformité.
« Il y a une personne qui contacte rapidement le médecin ou l’hôpital pour alerter si l’échantillon n’est pas reçu dans l’état dans lequel il devrait l’être », dit-elle.
PAS COMPÉTENTS
Par ailleurs, l’APTS déplore que les employés qui réceptionnent les prélèvements n’aient pas les compétences requises.
Le CUSM a confirmé hier que ces salariés ne sont pas des technologistes médicaux, mais il assure qu’ils ont reçu une formation appropriée.
Le CUSM reçoit et analyse environ 45 000 échantillons par mois.