Les Québécois plus nombreux que jamais à vivre seuls
Succession d’échecs amoureux, faible coût des loyers, population vieillissante ou tout simplement un désir de se retrouver seul dans ses affaires… les Québécois sont les champions de la vie en solo au pays selon les plus récents chiffres de Statistique Canada.
« Avec toutes les mésaventures que l’on peut vivre dans la vie amoureuse, j’ai réalisé que j’aimais mieux vivre seule. On ne doit rien à personne, on fait ce qu’on veut quand on veut », raconte la Montréalaise Martine Lefebvre.
La dame de 56 ans habite seule depuis 15 ans maintenant, après avoir vécu plusieurs échecs amoureux. La grand-mère de trois petits-enfants assure que même si le grand amour lui retombait dessus, elle ferait « appartement à part » et conserverait son logement à elle.
LE TIERS DE MÉNAGES
« J’apprécie grandement vivre comme ça. Pour moi, c’est un choix et je ne suis pas recluse pour autant », affirme la résidente du quartier Pointe-aux-Trembles.
Selon les données du recensement de 2016, près de 33 % des ménages sont composés d’une seule personne au Québec, soit le taux le plus élevé au pays. Au Canada, on parle de 28,2 % des ménages.
« C’est la proportion la plus élevée depuis la Confédération en 1867 », souligne Statistique Canada, qui ajoute qu’il y a aujourd’hui moins de ménages composés de familles comptant « une mère, un père et des enfants » que de ménages composés de personnes vivant seules.
Bien que la croissance du nombre de personnes qui vivent seules soit clairement reliée au vieillissement de la population, d’autres facteurs comme le coût des loyers et la croissance des unions libres expliquent le phénomène au Québec, dit l’analyste chez Statistique Canada, France-Pascale Ménard.
FINI LES COLOCS
« Montréal est une ville plus abordable que les autres grandes régions urbaines du Canada. Il y a aussi les unions de fait au Québec qui sont plus courantes, et ce sont des couples qui sont plus susceptibles de se séparer. Les gens se retrouvent donc seuls pour un temps ensuite », poursuit l’experte.
C’est d’ailleurs après une rupture amoureuse que Laurence Lebel, 29 ans, s’est installée seule dans un grand trois et demi d’Ahuntsic il y a quatre mois.
« J’y tenais vraiment. Quand j’étais étudiante, j’ai assez donné au niveau de la colocation, dit-elle en riant. Mais je dois faire des sacrifices… comme m’éloigner du Plateau pour trouver un loyer moins cher, gérer un budget plus serré. »
Ces désavantages sont toutefois compensés par une meilleure qualité de vie, assure-t-elle.
ABORDABLE
Pour Félix Leduc, un Montréalais de 27 ans, la décision d’habiter seul en appartement a fini par s’imposer d’elle-même il y a deux ans et relève surtout d’un désir d’être maître chez lui.
« Je l’ai d’abord fait par obligation en allant travailler à Edmonton. Et j’y ai pris goût. En revenant à Montréal en 2016, j’ai décidé de m’installer seul, explique celui qui travaille pour le gouvernement fédéral. Je suis en contrôle de mes affaires... plus de vaisselle de colocs à ramasser, plus de ménages à faire à cause des autres. »
Selon lui, le faible coût des loyers à Montréal comparativement à d’autres grandes villes lui donne l’opportunité de vivre en solo. Il paie environ 750 $ pour son appartement situé dans le Quartier latin.
« À New York, à ce prix-là, j’habiterais probablement dans un placard », ajoute-t-il.