Le Journal de Montreal

Fatima Houda-Pepin veut faire appel

L’ancienne députée estime que ses propos à l’endroit du maire de Brossard n’étaient pas diffamatoi­res

- CLAUDIA BERTHIAUME

L’ex-députée libérale Fatima Houda-Pepin a demandé hier la permission de faire appel de sa condamnati­on pour diffamatio­n à l’endroit du maire de Brossard, Paul Leduc, affirmant que les propos qu’elle a tenus étaient corrects dans un contexte politique.

« Ce sont des remarques qui se disent dans un contexte politique. À moins de choses extrêmes, il n’y a pas lieu [pour la Cour] d’octroyer des dommages », a plaidé Me Julius Grey, qui représente l’ancienne députée.

Fatima Houda-Pepin a été condamnée le 31 mai dernier à payer la somme de 24 000 $ au maire de Brossard, Paul Leduc.

Il s’agit de dommages compensato­ires et punitifs que l’ex-politicien­ne devra verser pour avoir tenu des propos diffamatoi­res à l’endroit de M. Leduc.

À la fin de la campagne électorale provincial­e de 2014, Mme Houda-Pepin a notamment mentionné dans plusieurs médias que le maire Leduc avait offert une élection « clé en main » à son adversaire, l’actuel ministre de la Santé, Gaétan Barrette, qui affrontait la députée sortante dans la circonscri­ption de La Pinière.

DÉFAITE ÉLECTORALE

Mme Houda-Pepin a également prétendu que Paul Leduc avait donné des instructio­ns aux membres de son parti, afin que ceux-ci s’impliquent dans l’organisati­on de Gaétan Barrette. Ce dernier a remporté l’élection avec plus de 15 000 voix d’avance.

La juge Chantal Sirois a conclu qu’il s’agissait d’une « importante faute diffamatoi­re », même si la députée sortante avait été provoquée par le maire Leduc.

En effet, peu de temps avant l’élection, Paul Leduc a rédigé un courriel à l’attention d’un média local dans lequel il appuyait ouvertemen­t la candidatur­e de Gaétan Barrette, ajoutant qu’il n’y avait eu « aucune collaborat­ion » entre la Ville de Brossard et Fatima Houda-Pepin alors qu’elle était députée de La Pinière.

TOLÉRANCE

La juge Sirois a décrit cette « manoeuvre préalable savamment orchestrée » comme le « détonateur » de la diffamatio­n dont a fait l’objet le maire Leduc. Mais l’ex-députée a néanmoins répliqué trop fort en portant « sérieuseme­nt atteinte à la dignité, à l’honneur et à la réputation » de son détracteur, a tranché la magistrate.

Pourtant, Fatima Houda-Pepin maintient encore ses dires à ce jour, près de trois ans après les avoir dits.

« Quand les propos parlent de politique et pas de vie privée, quel est le niveau de sensibilit­é qu’il faut démontrer ? La tendance est à un très haut niveau de tolérance », a insisté Me Grey, devant la Cour d’appel.

« Le fait qu’elle maintienne toujours ses paroles démontre qu’elle a la conviction profonde qu’elle avait raison », a-t-il poursuivi.

« MALVEILLAN­TE»

Là où le bât blesse, pour l’avocat du maire de Brossard, c’est que les allégation­s de Fatima Houda-Pepin étaient fausses.

« La preuve [devant le tribunal] a révélé qu’elles étaient mensongère­s et diffamatoi­res », a souligné Me Rafaël Primeau-Ferraro.

D’après lui, l’expression « clé en main » utilisée par Mme Houda-Pepin avait une connotatio­n négative évidente aux yeux des Québécois, puisque les travaux de la commission Charbonnea­u battaient leur plein à l’époque.

« L’intention [de Mme Houda-Pepin] était malveillan­te, c’était une faute intentionn­elle. Elle savait ou elle devait savoir que ce qu’elle a dit était faux », a affirmé Me Primeau-Ferraro.

Hier, la juge Marie St-Pierre a pris la décision en délibéré jusqu’à mercredi prochain.

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Fatima Houda-Pepin et son avocat Julius Grey ont refusé de commenter le dossier hier, à leur sortie de la salle d’audience. PHOTO MARTIN ALARIE
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PAUL LEDUC Maire de Brossard

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