Le président brésilien échappe à un procès pour corruption
Temer obtient le nombre de vote nécessaire au Parlement pour éviter la justice
BRASILIA | (AFP) Le président conservateur Michel Temer a une nouvelle fois sauvé son mandat hier malgré sa mise en accusation pour corruption en obtenant le nombre de voix nécessaires au Parlement pour empêcher l’ouverture d’un éventuel procès.
Alors que le vote était toujours en cours tard hier soir, et que le résultat ne pouvait pas être encore validé, l’opposition n’était plus en mesure de rassembler la majorité des deux tiers (342 voix) qui aurait donné le feu vert à la Cour suprême pour inculper le chef de l’État et l’écarter du pouvoir pour six mois.
Le vote des députés implique que l’affaire sera classée.
Premier président en exercice formellement accusé de corruption, M. Temer, 76 ans, a de nouveau échappé au couperet, après avoir été blanchi par la justice électorale en juin.
Le plus grand pays d’Amérique latine évite ainsi un deuxième changement brutal à la tête de l’État en un peu plus d’un an au Brésil, après la destitution pour maquillage de comptes publics de Dilma Rousseff.
TRÈS IMPOPULAIRE
La plupart des analystes prévoyaient un vote favorable à M. Temer, qui a toujours affiché une confiance inébranlable, même si sa cote de popularité s’est effondrée à 5 %.
Il est accusé de s’être « prévalu de sa condition de chef d’État » pour recevoir 500 000 réais (environ 208 500 $) de potsde-vin de la part du géant de la viande JBS, impliqué dans le gigantesque scandale de corruption qui touche le Brésil.
Le début de la séance a été marqué par des protestations bruyantes de la gauche réclamant la tête du président. Puis des parlementaires de tous bords – dont plus d’un tiers sont eux-mêmes visés par des enquêtes pour corruption – se sont lancés dans des diatribes.
TENSIONS
Bien que l’opposition ait réussi à retarder le début du vote par des manoeuvres dilatoires, le quorum nécessaire a finalement été atteint.
Avant le début de la séance, trois députés du PSOL, parti d’extrême gauche, ont brandi une valise de billets arborant le visage de Michel Temer, en référence à l’arrestation en mai d’un proche du président en possession d’une valise de coupures qui lui aurait été destinée. La tension est encore montée d’un cran quand un fervent partisan de M. Temer a brandi une poupée gonflable à l’effigie de l’ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, lui-même condamné pour corruption, en uniforme de prisonnier.