Le Journal de Montreal

Des saucisses de dinde… sans dinde

Les autorités comptent intervenir auprès des fabricants pour s’assurer de la conformité des étiquettes

- MARIE-ÈVE DUMONT

Les autorités canadienne­s comptent intervenir auprès des fabricants de saucisses et soutenir les consommate­urs après qu’une entreprise a vendu des saucisses à la dinde... sans dinde.

« C’est la première fois que nous faisons ces tests, alors nous serons en mesure par la suite de réfléchir sur la façon dont on peut intervenir auprès de l’industrie pour qu’elle fasse plus attention et sur la façon d’aider les consommate­urs à poser les bonnes questions », explique Aline Dimitri, chef adjointe de la salubrité des aliments à l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA).

L’organisati­on fédérale est intervenue après avoir mandaté des chercheurs de l’Université de Guelph en Ontario à effectuer des tests sur 100 échantillo­ns de saucisses, excluant les saucisses à hot-dog, vendues au Canada dont l’étiquette indiquait ne contenir qu’une seule viande.

ERREUR HUMAINE

Sur le lot analysé, 40 % de ces échantillo­ns provenaien­t d’épiceries montréalai­ses. Le reste a été acheté à Toronto et Calgary. Une saucisse sur cinq contenait plus de 1 % d’une de ces viandes qui n’étaient pas déclarées sur l’étiquette.

« Je considère qu’on ne peut pas dire que c’est accidentel, un hachoir mal lavé par exemple. Il y a une erreur humaine, un problème dans la production, ou le produit a été délibéréme­nt ajouté », estime l’auteur du rapport, Robert Hanner.

Une entreprise canadienne, que l’ACIA n’a pas voulu nommer puisqu’elle souhaite que toute l’industrie se mobilise, avait vendu des saucisses à la dinde qui ne contenaien­t en fait que du poulet.

« Nos inspecteur­s se sont rendu compte qu’il y avait une déficience dans le système de contrôle interne, ce qui avait permis une erreur humaine. Des correctifs ont maintenant été apportés », a certifié Mme Dimitri, qui ajoute que d’autres échantillo­ns de cette compagnie seront de nouveau testés dans une seconde phase de l’étude.

CHEVAL

Une autre saucisse testée par l’équipe de l’Université Guelph a permis d’identifier de la viande de cheval, qui pouvait ne pas être destinée à la consommati­on humaine, selon M. Hanner.

« C’était une surprise, ça ne fait pas partie de nos moeurs et de ce que nous produisons chez nous. Ce n’est pas non plus quelque chose que l’on retrouve sur le marché canadien », insiste Mme Dimitri.

Lorsque l’ACIA a voulu intervenir auprès de l’entreprise qui a vendu ce produit, celle-ci avait déjà fermé ses portes. ll est donc impossible de savoir d’où provenait cette viande.

Le bison, le mouton, l’agneau et la chèvre sont aussi testés dans une seconde phase, et certaines de ces viandes ont été retrouvées dans des produits, a confirmé M. Hanner. L’ACIA a mentionné qu’elle interviend­ra aussi dans ces cas, mais qu’elle souhaite concentrer les tests sur les quatre viandes les plus utilisées, ainsi que sur le cheval.

Malgré le 20 % de non-conformité, le Canada s’en sort tout de même bien mieux que l’Europe, par exemple, où des études révélaient qu’il y avait des produits non déclarés dans 70 % des échantillo­ns.

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PHOTO MARTIN ALARIE Alexandre Cusson espère que les gens feront encore confiance aux petits producteur­s qui misent avant tout sur la qualité.

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