Le Journal de Montreal

Moins de français sur l’île de Montréal

- CHRISTOPHE­R NARDI

La place du français s’effrite de plus en plus sur l’île de Montréal, si bien que la différence linguistiq­ue entre la métropole et le reste du Québec se creuse de façon inquiétant­e, estime un expert.

C’est le portrait que dressent les données de Statistiqu­e Canada publiées cette semaine concernant la langue maternelle des Québécois.

« On parlait à une certaine époque du fait qu’il y a deux Québec en un, soit Montréal et le reste de la province. On remarque davantage que le contraste est de plus en plus fort entre la métropole et le Québec, surtout à cause de l’immigratio­n qui est concentrée à Montréal », analyse Michel Paillé, démographe spécialist­e des questions linguistiq­ues.

Selon des données tirées du recensemen­t de 2016, seulement 47 % des Montréalai­s ont déclaré que le français était au moins une de leurs langues maternelle­s. C’est une chute de près de 1 % comparativ­ement à 2011.

Mais la différence la plus marquée se trouve entre la proportion de Montréalai­s dont la langue maternelle est le français, soit 47 %, et celle de Québécois, soit 78 %. N’empêche que le français perd du terrain à la grandeur de la province aussi.

À Montréal, autant que dans le reste de la province, cette baisse se fait au profit de ceux qui parlent une langue tierce, qui ont franchi le cap des 700 000 sur l’île pour la première fois dans le recensemen­t de l’année dernière.

C’est d’ailleurs l’arabe qui est en tête des langues immigrante­s maternelle­s, suivi par l’espagnol et l’italien (voir graphique).

APPRENTISS­AGE

Or, la multiplica­tion des communauté­s ayant des langues maternelle­s tierces pourrait avoir des répercussi­ons importante­s sur l’apprentiss­age du français à long terme, avertit M. Paillé.

« C’est inquiétant, parce qu’on sait très bien qu’une population immigrante qui est trop concentrée dans un milieu devient plus compacte, et l’interpénét­ration entre la population d’accueil et les nouveaux arrivants est plus difficile à faire. Le vivre-ensemble devient plus pénible », analyse le sociolingu­iste, qui croit tout de même que la diversité linguistiq­ue québécoise est une richesse.

« Ce qui distingue aussi Montréal des autres métropoles canadienne­s, c’est que les francophon­es ont plus tendance à privilégie­r l’anglais que leur propre langue pour communique­r avec les communauté­s immigrante­s », ajoute-t-il.

130 LANGUES

Fait intéressan­t : les données de Statistiqu­e Canada recensent environ 130 différente­s langues maternelle­s chez les Montréalai­s, dont certaines sont parlées par aussi peu que cinq personnes.

Le Journal vous présente ici la liste des langues maternelle­s déclarées par les résidents de l’île de Montréal lors du recensemen­t en 2016.

Par souci de concision, certaines langues moins populaires ont été regroupées en catégories linguistiq­ues.

C’est notamment le cas des langues inuites et iroquoienn­es, par exemple. Nous avons également omis les rares déclaratio­ns de langues « autres » (soit qui portent la marque « non incluses ailleurs » par Statistiqu­e Canada).

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