Moins de français sur l’île de Montréal
La place du français s’effrite de plus en plus sur l’île de Montréal, si bien que la différence linguistique entre la métropole et le reste du Québec se creuse de façon inquiétante, estime un expert.
C’est le portrait que dressent les données de Statistique Canada publiées cette semaine concernant la langue maternelle des Québécois.
« On parlait à une certaine époque du fait qu’il y a deux Québec en un, soit Montréal et le reste de la province. On remarque davantage que le contraste est de plus en plus fort entre la métropole et le Québec, surtout à cause de l’immigration qui est concentrée à Montréal », analyse Michel Paillé, démographe spécialiste des questions linguistiques.
Selon des données tirées du recensement de 2016, seulement 47 % des Montréalais ont déclaré que le français était au moins une de leurs langues maternelles. C’est une chute de près de 1 % comparativement à 2011.
Mais la différence la plus marquée se trouve entre la proportion de Montréalais dont la langue maternelle est le français, soit 47 %, et celle de Québécois, soit 78 %. N’empêche que le français perd du terrain à la grandeur de la province aussi.
À Montréal, autant que dans le reste de la province, cette baisse se fait au profit de ceux qui parlent une langue tierce, qui ont franchi le cap des 700 000 sur l’île pour la première fois dans le recensement de l’année dernière.
C’est d’ailleurs l’arabe qui est en tête des langues immigrantes maternelles, suivi par l’espagnol et l’italien (voir graphique).
APPRENTISSAGE
Or, la multiplication des communautés ayant des langues maternelles tierces pourrait avoir des répercussions importantes sur l’apprentissage du français à long terme, avertit M. Paillé.
« C’est inquiétant, parce qu’on sait très bien qu’une population immigrante qui est trop concentrée dans un milieu devient plus compacte, et l’interpénétration entre la population d’accueil et les nouveaux arrivants est plus difficile à faire. Le vivre-ensemble devient plus pénible », analyse le sociolinguiste, qui croit tout de même que la diversité linguistique québécoise est une richesse.
« Ce qui distingue aussi Montréal des autres métropoles canadiennes, c’est que les francophones ont plus tendance à privilégier l’anglais que leur propre langue pour communiquer avec les communautés immigrantes », ajoute-t-il.
130 LANGUES
Fait intéressant : les données de Statistique Canada recensent environ 130 différentes langues maternelles chez les Montréalais, dont certaines sont parlées par aussi peu que cinq personnes.
Le Journal vous présente ici la liste des langues maternelles déclarées par les résidents de l’île de Montréal lors du recensement en 2016.
Par souci de concision, certaines langues moins populaires ont été regroupées en catégories linguistiques.
C’est notamment le cas des langues inuites et iroquoiennes, par exemple. Nous avons également omis les rares déclarations de langues « autres » (soit qui portent la marque « non incluses ailleurs » par Statistique Canada).