Le Journal de Montreal

Abrutisati­on généralisé­e

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Je réalise finalement que Walking Dead, ce n’est pas une histoire de morts qui reviennent à la vie, mais bien de vivants qui marchent comme des morts

Je n’ai pas le choix de poser la question : sommes-nous en train de nous abrutir, en tant que société ? Sérieux, depuis quelque temps, chaque fois que je pose une question à quelqu’un, j’ai l’impression que l’ordinateur que mon interlocut­eur a entre les deux oreilles prend de plus en plus de temps à traiter l’informatio­n.

Ça fait longtemps qu’on se demande si nos sacrés cellulaire­s sont en train de nous tuer le cerveau, si on a arrêté de réfléchir à la seconde où nous avons eu accès à toutes les réponses au bout de nos doigts. Peutêtre sommes-nous en train de voir les premiers effets secondaire­s de cette atrophie cérébrale ?

DES QUESTIONS SIMPLES

Dernièreme­nt, je suis allé m’acheter des souliers. J’ai posé trois ou quatre questions simples au commis et, je vous jure, j’ai eu l’impression qu’il a réellement souffert avant d’être capable de me répondre. C’est quand même ironique que quelqu’un qui travaille dans un magasin de souliers donne l’impression qu’il a de la difficulté à attacher les siens tout seul comme un grand.

Il m’est arrivé la même chose dans une épicerie. J’ai simplement demandé au jeune homme s’il avait des gaufres bio et j’ai eu peur de le voir saigner des oreilles tellement je pouvais entendre son cerveau travailler. Je réalise finalement que Walking Dead, ce n’est pas une histoire de morts qui reviennent à la vie, mais bien de vivants qui marchent comme des morts. Dans la série, pour tuer un zombie, il faut que tu lui tires une balle dans la tête ou que tu lui éclates le cerveau. Dans la vie d’aujourd’hui, pas besoin d’être aussi brutal, un bon forfait internet fait aussi bien la job.

On ne réfléchit plus comme on le faisait dans le temps. Chaque fois que j’entends : « Attends, je vais vérifier sur Google », j’ai comme l’impression qu’on tue quelques cellules.

Comme je l’ai déjà dit dans une autre chronique : est-ce qu’on peut s’obstiner un peu sur la réponse avant de vérifier sur nos cells ? Sinon, qu’allons-nous devenir : des plantes vertes pour les androïdes qui vont nous remplacer ? Est-ce qu’un jour on va entendre des phrases comme « oublie pas d’arroser l’humain, ça ne me tente pas d’aller en acheter un autre » ?

CONTRÔLÉS PAR NOS MACHINES

On exprime plus souvent nos émotions avec des émojis qu’en vrai. Faut se poser des questions quand un petit bonhomme jaune résume mieux ce que tu ressens que ta propre face.

Nos jeunes disent « lol » au lieu de rire pour vrai. On voit des gens rentrer dans des poteaux parce qu’ils sont hypnotisés par leur petit écran. L’an passé, certains sont décédés en cherchant des f*&?%$! Pokémons.

Est-ce qu’on est en train d’assister à la fin de notre évolution ? Est-ce qu’on est à deux-trois génération­s de recommence­r à grogner au lieu de parler ?

Aussi loufoque que mon texte puisse vous paraître, la triste réalité, c’est que je croise de plus en plus de gens qui sont perplexes quand tu leur poses une simple question. Ils ont la même expression sur leur visage qu’un ordinateur qui fige. T’as juste envie de leur donner un petit coup sur le côté de la tête pour repartir la machine.

En tout cas, quelque chose me dit que s’il est encore en haut, juché sur un nuage, Charles Darwin doit se gratter la tête en se disant : « Peut-être que j’ai manqué quelque chose dans ma théorie. »

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