Le Journal de Montreal

Peu de services dans une région où le suicide pose problème

- PIERRE-PAUL BIRON

RIMOUSKI | Minée par des problèmes économique­s récurrents, la Gaspésie affiche toujours le deuxième taux de suicide le plus élevé parmi toutes les régions du Québec. La problémati­que inquiète le responsabl­e du centre de prévention qui doit desservir l’immense région à partir de… Rimouski.

La situation du suicide demeure inquiétant­e, avec un taux peu reluisant de 18,7 suicides pour 100 000 habitants, selon les dernières statistiqu­es disponible­s. Outre l’Abitibi-Témiscamin­gue, la Gaspésie est la région du Québec où la question du suicide demeure la plus préoccupan­te.

SITUATION CRITIQUE

La situation est d’autant plus critique qu’on ne recense aucun centre de prévention du suicide dans la région. Malgré des chiffres alarmants qui stagnent contrairem­ent à la moyenne québécoise en diminution depuis le début des années 2000, les Gaspésiens en détresse doivent se tourner vers la région voisine pour trouver du soutien spécialisé dans les questions entourant le suicide. Pour un résident de Gaspé, le centre de Rimouski se trouve à près de 400 km.

« On nous dit que le territoire est trop grand pour être desservi avec un centre de crise, mais je n’adhère pas à ça. La vérité, c’est qu’on refuse encore d’investir dans les grands territoire­s », fustige le directeur-général du Centre de prévention du suicide et d’interventi­on de crise du Bas-Saint-Laurent (CPSICBSL), Louis-Marie Bédard, qui croit que la situation pourrait s’améliorer si on se donnait vraiment les moyens.

« Oui, il y a des services qui sont offerts en Gaspésie, mais on doit envisager d’en faire plus. Un centre de prévention et de gestion de crise serait le bienvenu. »

MIGRATION VERS LE 811 ?

L’intervenan­t s’inquiète aussi de voir planer sur la région la possibilit­é que les appels de détresse soient acheminés à la ligne Info-Santé (811) plutôt qu’à la ligne 1-866-JAPPELLE, liée à son service. Cette façon de faire a déjà été mise en place dans d’autres régions.

« Quand un individu en crise doit appeler au 811, faire des choix de touches pour se rendre à la bonne place et attendre en ligne, ça ne va pas. On parle de situations où l’on doit agir dans la minute. Le 811 est un terminal généralist­e et rien de plus », insiste M. Bédard qui craint de voir la spécialisa­tion des services diluée dans une région où la situation est critique.

« Chaque appel à un centre de prévention génère trois à quatre appels de suivi dans chaque dossier pour s’assurer de l’état de la personne et de ses proches. Ils n’auront pas ça avec le 811. »

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