Des besoins criants en infrastructures
La question des quais inquiète particulièrement alors que plusieurs structures tombent en ruines
CARLETON | Située à plus de 500 km des grands centres et avec des besoins de plus en plus criants d’investissements dans ses infrastructures portuaires, ferroviaires et routières, la Gaspésie connaît encore des enjeux critiques sur le plan des transports.
Un peu partout le long des côtes de la Gaspésie, des quais en plus ou moins bon état s’avancent dans la baie des Chaleurs et le golfe du Saint-Laurent. Propriétés du gouvernement fédéral, ils sont bien souvent laissés à l’abandon depuis que ce dernier a dressé une liste de quais excédentaires en 1996, qu’il tente toujours de céder aujourd’hui.
Pour les Gaspésiens, la situation a assez duré. À Carleton, les bateaux des pêcheurs ne peuvent même plus s’accrocher directement au quai tellement le fédéral est inquiet de l’état de celui-ci.
« Ils ne peuvent plus garantir la solidité du quai, mais aucun travail n’est fait, ils ne l’ont jamais entretenu », tonne Éric Bujold, président de l’Administration portuaire locale et pêcheur de profession. « Ça fait 20 ans qu’on sait qu’il faut mettre 25 M$ sur le quai pour réussir à sauver l’industrie de la pêche. »
MANQUE DE MOYENS
Alors que le provincial a montré de l’intérêt pour reprendre la gestion de certains quais plus importants, comme ceux de Percé et de Gaspé, d’autres municipalités se retrouvent à danser seules avec le fédéral.
« Avec 4000 habitants, Carleton n’a pas les moyens de prendre possession du quai et c’est pareil dans toute la région. Mais si on continue comme ça, on va vers une catastrophe », prévient le conseiller municipal Steven Parent.
Cette catastrophe annoncée aurait un impact énorme sur l’économie régionale, et ce, bien au-delà du port et de la pêche.
À titre d’exemple, aucun bateau industriel majeur ne peut accoster à Carleton depuis deux ans. Propriétaire d’une entreprise de camionnage, Romain Berthelot a du mal à garder la tête hors de l’eau dans ce contexte.
« ÇA FAIT MAL »
« Je dois aller chercher des cargaisons de sel à Paspébiac, à 170 km, ce qui fait que je ne suis plus concurrentiel du tout. Et d’autres cargaisons débarquent au Nouveau-Brunswick à la place. Imaginez, ce sont des entreprises de là-bas qui nous piquent ce qu’on transportait. Ça fait mal », explique l’homme qui vit aussi de la pêche et de l’élevage de boeufs pour y arriver.
La question du transport par train demeure aussi sensible dans la région, alors que le service s’arrête actuellement à Caplan, située à 200 km de la pointe de Gaspé.
SUJET SENSIBLE
Malgré une annonce de 100 M$ du gouvernement Couillard pour la remise en état du réseau gaspésien, le sujet demeure sensible dans la région.
« On est bien partis, mais il ne faut juste pas que le gouvernement fasse une fausse balle avec ce dossier », souhaite Guy Gallant, président de la table des préfets régionaux.
« On perd notre caractère concurrentiel à cause de ces enjeux de transport là. Si on avait le train dans la cour à Gaspé, nos entreprises feraient des économies majeures », explique quant à lui le maire de Gaspé, Daniel Côté. Ce dernier espère voir le projet réalisé d’ici trois ans. « C’est le nerf de la guerre pour continuer le développement d’entreprises comme LM Wind Power. »