Le Journal de Montreal

Réconfort et coupons de resto pour les migrants

Plusieurs Haïtiens tentaient de rassurer les nouveaux arrivants hier

- CATHERINE MONTAMBEAU­LT

Solidaires, une vingtaine de membres de la communauté haïtienne de Montréal se tenaient près du Stade olympique, hier après-midi, pour tenter de rassurer les nouveaux arrivants rongés par l’inquiétude.

« Je suis ici pour répondre aux questions des gens qui viennent d’arriver, pour essayer d’apaiser leurs angoisses. Parce qu’à l’intérieur c’est la crainte, la désolation », mentionnai­t avec tristesse Michel C. L’homme n’avait pas accès au Stade olympique, mais il a discuté avec plusieurs migrants qui en sortaient.

« ILS N’ONT PERSONNE »

« La question qui revient le plus souvent, c’est : “Comment je vais me trouver un logement ?” » a-t-il constaté.

Ce Québécois d’adoption est bien placé pour comprendre comment se sentent les demandeurs d’asile qui arrivent par milliers au Canada depuis quelques semaines puisqu’il a lui-même vécu ce saut dans le vide il y a 44 ans.

UN DEVOIR

« Je suis arrivé ici en plein hiver et j’étais habillé comme ça, en short et en t-shirt, s’est-il souvenu en souriant. Ç’a été tout un choc ! »

Mais contrairem­ent à la plupart des réfugiés confinés au stade olympique, Michel C. quittait son Haïti natal pour venir rejoindre famille et amis, déjà au Québec.

« Les gens qui arrivent ces temps-ci, ils n’ont personne, ils n’ont pas de soutien, alors c’est bien plus difficile », a-t-il souligné, son visage s’assombriss­ant aussitôt.

Edwige Maurice, une Haïtienne qui est au Québec depuis neuf ans, tentait aussi de redonner espoir à ses « compatriot­es », comme elle les appelle. Pour elle, sa présence relevait du devoir.

« On n’a pas le choix, on doit venir aider : c’est nous qui sommes ici, a-t-elle insisté. C’est notre communauté, notre famille. »

« Les gens sont inquiets parce qu’ils ne savent pas du tout ce qui va arriver avec eux. Mais le Canada est très généreux, alors j’espère le mieux pour eux », a ajouté celle qui a quitté les États-Unis en 2006 parce qu’elle ne s’y « sentait pas bien accueillie ».

Ce sentiment semble d’ailleurs être partagé par la plupart des demandeurs d’asile qui traversent la frontière canado-américaine ces jours-ci, après que le président américain Donald Trump eut menacé de retirer leur protection temporaire.

SA COUSINE À LA TÉLÉ

Osmal Valde, propriétai­re du cassecroût­e Source de vie antillais, distribuai­t quant à lui des coupons permettant aux gens de manger gratuiteme­nt à son restaurant le lendemain.

Plusieurs membres de la communauté haïtienne présents hier vérifiaien­t également si certains de leurs proches se trouvaient dans la vague de nouveaux arrivants.

Un homme prénommé Pierre espérait croiser sa cousine, qu’il avait vue débarquer au Stade olympique la veille dans un bulletin de nouvelles télévisé.

« J’écoutais LCN et, tout à coup, j’ai reconnu ma cousine, a-t-il raconté. [...] Mais comme on ne peut pas entrer à l’intérieur du stade, je ne sais pas comment la trouver. »

« ON N’A PAS LE CHOIX, ON DOIT VENIR AIDER. C’EST NOUS QUI SOMMES ICI. C’EST NOTRE COMMUNAUTÉ, NOTRE FAMILLE. » – Edwige Maurice

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PHOTO CATHERINE MONTAMBEAU­LT Edwige Maurice (à droite) s’est rendue avec un ami au stade olympique, hier, pour essayer d’atténuer les craintes des migrants.

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