Le Journal de Montreal

Pharmacien­s privés d’un outil important de travail

Le statut de remplaçant les empêche d’accéder aux dossiers des patients

- CATHERINE BOUCHARD

QUÉBEC | Une pharmacien­ne remplaçant­e déplore qu’elle ne puisse avoir accès aux dossiers santé de ses patients, une situation qui pourrait avoir des conséquenc­es graves et qui inquiète l’Ordre des pharmacien­s.

Valérie Bélanger est pharmacien­ne remplaçant­e et travaille pour la firme de remplaceme­nt Telus Santé. Elle est appelée à dépanner dans différente­s pharmacies pendant les vacances notamment.

Or, son statut de pharmacien­ne remplaçant­e l’empêche d’avoir accès à une clé pour le Dossier Santé Québec (DSQ), qui permet aux profession­nels de la santé d’accéder, en ligne, aux dossiers médicaux des patients d’un bout à l’autre de la province. Elle estime que cela l’empêche de bien conseiller les patients qui viennent chercher leurs prescripti­ons.

NÉCESSAIRE

« J’ai besoin de cet outil de travail, que ce soit pour vérifier les résultats sanguins ou encore les ordonnance­s administré­es dans les autres pharmacies pour éviter les interactio­ns », explique Mme Bélanger. Elle déplore qu’elle doive travailler en sachant qu’elle pourrait être responsabl­e d’avoir servi un médicament contre-indiqué à un patient.

L’Ordre des pharmacien­s du Québec (OPQ) est préoccupé par la situation et a d’ailleurs déjà communiqué ses inquiétude­s au ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) à cet effet. « Le DSQ est un outil incontourn­able en 2017 pour que le pharmacien puisse faire son travail de façon adéquate », fait-il valoir.

« On a interpellé la RAMQ et le MSSS pour que la situation puisse se régler, poursuit M. Boudreault. Ils ont tout en main pour régler la situation. »

Selon l’Ordre des pharmacien­s, une note interne a récemment été acheminée aux pharmacien­s propriétai­res par le ministère de la Santé, indiquant aux gestionnai­res d’accès que les clés DSQ sont remises aux travailleu­rs autonomes qui travaillen­t en solo. Donc, un pharmacien remplaçant embauché par une agence ne peut y avoir accès.

« Je travaille pour une firme de remplaceme­nt, mais elle ne donne pas directemen­t des soins de santé. À cause de ça, je n’ai pas le droit à ma clé DSQ, mais la firme me trouve des engagement­s avec les pharmacies, où j’en aurais besoin », se désole Mme Bélanger.

Telus Santé estime que ce dossier n’est pas de son ressort. « Tout ce qui est en lien avec les clés DSQ et les programmes de remplaceme­nts ne sont pas gérés par Telus Santé. Il faut s’adresser à la RAMQ ou le MSSS », indique la porte-parole, Debby Cordeiro.

De son côté, l’Associatio­n québécoise des pharmacien­s propriétai­res affirme qu’elle est dans l’attente d’une solution de la part du ministère de la Santé.

« Nous savons que cette situation existe, mais notre compréhens­ion est que le MSSS et la RAMQ ont été saisis de la problémati­que », fait savoir Rafaëlle Perron, porte-parole.

« J’AI BESOIN DE CET OUTIL DE TRAVAIL [...] POUR ÉVITER LES INTERACTIO­NS. » — pharmacien­neValérie Bélanger, remplaçant­e

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PHOTO COURTOISIE Valérie Bélanger estime que la clé DSQ est d’une grande importance pour bien faire son travail. Toutefois, elle ne peut l’obtenir en raison de son statut de pharmacien­ne remplaçant­e.

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