Le Journal de Montreal

Quand Apple joue le jeu de la censure des autorités chinoises

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SAN FRANCISCO | (AFP) La décision d’Apple de satisfaire à la demande des autorités chinoises de supprimer des applicatio­ns contournan­t la censure officielle illustre le dilemme des entreprise­s technologi­ques américaine­s, qui doivent contenter les autorités du pays pour y mener leurs affaires.

Le fabricant des iPhone est le dernier grand nom de la Silicon Valley en date à battre en retraite sur les droits de l’homme et la liberté d’expression face à un gouverneme­nt chinois déterminé à contrôler et surveiller l’internet.

Apple a récemment retiré de ses appareils vendus en Chine, sous la pression des autorités chinoises, des applicatio­ns qui permettaie­nt de se connecter à des réseaux privés virtuels (VPN), soulevant les protestati­ons d’organisati­ons et de militants des droits de l’homme.

« Nous aurions préféré ne pas avoir à retirer les applicatio­ns, mais, comme nous le faisons dans d’autres pays, nous observons la loi là où nous faisons des affaires et nous pensons qu’être pré- sents sur ces marchés en apportant des avantages aux clients est dans le meilleur intérêt des gens là-bas et dans d’autres pays aussi », a concédé Tim Cook, PDG d’Apple.

« Nous espérons qu’avec le temps, les restrictio­ns imposées seront assouplies, car l’innovation a besoin de la liberté de collaborer et de communique­r et je sais que c’est très important là-bas », a-t-il ajouté.

« Il y a le sentiment que la génération des millennaux souhaite vraiment que les entreprise­s soient plus actives pour protéger les droits des gens et la liberté d’expression », explique l’analyste Rob Enderle d’Enderle Group.

Mais « il n’y a pas encore de connexion évidente entre la rhétorique et les comporteme­nts d’achats », ajoute-t-il.

« MURAILLE INFORMATIQ­UE »

Depuis des années, les internaute­s chinois cherchent à contourner la « grande muraille » informatiq­ue qui censure le web — interdisan­t notamment Facebook et Twitter — en utilisant ces VPN. Depuis janvier, les développeu­rs doivent obtenir des licences gouverneme­ntales pour pouvoir proposer des services VPN, ce qui a conduit à la décision d’Apple.

« Si d’autres entreprise­s suivaient l’exemple d’Apple, il serait vite beaucoup plus difficile pour les Chinois d’accéder librement à l’informatio­n en ligne », a affirmé l’ONG Amnesty Internatio­nal.

D’AUTRES AUSSI

Apple n’est pas le premier grand nom de la technologi­e américaine à capituler devant les autorités chinoises. Il y a dix ans, Yahoo s’était excusé après avoir obtempéré aux demandes des autorités chinoises d’identifier des militants des droits de l’homme utilisant sa messagerie.

Microsoft est aussi présente en Chine depuis des décennies, se conformant sans protester aux règles établies.

Mais il y a sept ans, Google avait retiré son moteur de recherche de Chine continenta­le pour protester contre la censure et les violations de la vie privée. « Google a résisté et est parti, mais maintenant ils ne comptent pour rien en Chine », estime Rob Enderle.

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Un homme marche devant un magasin Apple de Pékin. Le fabricant des iPhone a retiré de ses appareils vendus en Chine des applicatio­ns qui permettaie­nt de se connecter à des réseaux virtuels privés, à la demande des autorités. PHOTO AFP

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