Le Journal de Montreal

Un zouave qui fait de l’effet

Ce roman est une fantaisie, un pétillemen­t, un bonbon. Parfait pour l’été, pour le plaisir de lire avec intelligen­ce et légèreté. Qui aurait cru qu’un zouave pouvait faire autant d’effets ? Mais rien n’est impossible quand on s’appelle Séverin Lachapelle,

- Josée Boileau Collaborat­ion spéciale

Ce n’est pas à Pierre Breton qu’il faut raconter que l’histoire du Québec manque de héros ou de rebondisse­ments. Il faut plutôt voir ce que cet auteur, qui en est à son deuxième roman, réussit à en faire.

On est à l’hiver 1868, à Montréal. Sur un fond de détails tous plus véridiques les uns que les autres (oui il y a eu un hôtel Rasco et Charles Dickens y a séjourné, le chef de police s’appelait bien Fred A. Penton et Joe Beef gérait une remuante taverne !), Breton a greffé son Séverin, séduisant personnage qui n’aura peur de rien.

Heureuseme­nt d’ailleurs, car à voler tout ce qui lui passe sous la main, sa liste d’ennemis ne cesse de s’allonger. Elle finit par être si remplie qu’une seule issue est possible : fuir. Par un concours de circonstan­ces, il parvient à changer d’identité pour devenir zouave, incorporé au bataillon de 130 Canadiens qui part illico pour Rome afin de sauver le pape, menacé par les troupes de Garibaldi.

De quoi assagir le jeune homme ? Oh que non ! Même en terre vaticane, il restera coquin, séducteur en série et mécréant. Pourtant, de monseigneu­r Bourget au pape Pie IX en passant par la famille royale des Deux-Siciles, ils lui mangeront tous dans la main, et Séverin croulera sous les médailles.

C’est peu dire si on s’amuse dans ce récit rempli de péripéties, à l’image des romans d’autrefois. Que ce soit à Montréal ou à Rome, Séverin Lachapelle, alias Toussaint Juchereau de Saint-Denys, ne cesse de se retrouver dans des situations compliquée­s d’où il lui faut s’extirper. Déjà, on sourit largement.

Mais Breton en profite aussi pour épingler les travers des puissances religieuse­s du 19e siècle, pour qui apparences et argent valent mieux que conviction­s profondes et esprit de sacrifice. Et là, on rigole franchemen­t.

Séverin ne sera pas dupe de tout ce beau monde, et il s’entourera d’une petite bande de copains pas plus scrupuleux que lui. En avant l’aventure, tant qu’on peut boire, manger, dormir, courir les jolies femmes et ne pas trop en faire !

Quant aux vélocipède­s du titre, ce n’est pas parce qu’on est zouave et bandit que l’essor de la science ne nous intéresse pas ! Et Séverin est si fasciné par cette invention récente qu’elle finira par lui ouvrir la porte d’une nouvelle vie…

Avec sa panoplie de héros de bande dessinée, ses descriptio­ns très visuelles, son ton désinvolte et sa précision historique (même les noms des zouaves sont vrais), Pierre Breton signe vraiment un roman à recommande­r. On se prend même à rêver : quel film ça ferait ! Et que ce serait chouette si d’autres auteurs osaient ainsi fouiller notre histoire et lui redonner toutes ses couleurs…

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PHOTO COURTOISIE
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LE ZOUAVE QUI AIMAIT LES VÉLOCIPÈDE­S Pierre Breton Boréal 283 pages
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