Le Journal de Montreal

Son foyer à l’éthanol explose sous ses yeux

Les pompiers appellent à la prudence alors que de tels accidents sont en hausse

- YANICK POISSON

DRUMMONDVI­LLE | Une Drummondvi­lloise a eu la peur de sa vie mercredi dernier quand son foyer décoratif à l’éthanol a explosé, la brûlant en plus d’incendier sa maison. Les pompiers appellent à la prudence puisque ces cas sont de plus en plus fréquents.

« La boule de feu s’est dirigée droit vers le mur et ça s’est enflammé tout de suite. Si je m’étais trouvée entre le foyer et la maison, j’aurais subi de graves brûlures au visage », lance Sophie Côté, retenant ses sanglots.

La soudeuse de 44 ans se trouvait sur son patio, à moins de deux mètres de sa maison, lorsqu’elle a tenté de réapprovis­ionner son foyer qui venait de s’éteindre, mercredi soir.

Puisqu’il y avait toujours une source de chaleur, le combustibl­e s’est enflammé. Surprise, la dame a renversé du gel sur sa jambe, qui s’est mise à brûler. En tentant d’éteindre les flammes sur son corps, elle s’est brûlé une main et un pied.

Ces brûlures au 2e degré sont toutefois superficie­lles considéran­t que l’explosion a embrasé le déclin de vinyle, le toit et tout le deuxième étage de la résidence de la rue Lalement. Les dommages sont évalués à plusieurs dizaines de milliers de dollars.

Malgré la douleur, Mme Côté est allée récupérer ses enfants de 5 et 7 ans qui dormaient à l’intérieur et les a évacués avant d’appeler les secours.

« J’ai vraiment eu peur pour eux. Il fallait que je les sorte de là », ajoute-t-elle.

DANGEREUX

Sophie Côté met en garde les propriétai­res de foyers à l’éthanol contre les risques d’explosion. Le dispositif qui a explosé chez elle était également conçu pour fonctionne­r à l’intérieur. Le drame aurait été de plus grande envergure si elle s’était trouvée entre les murs de sa demeure.

« Pour moi, c’est fini, ça ne rentre plus chez moi. C’est difficile à croire qu’on puisse trouver des articles aussi dangereux un peu partout dans les quincaille­ries. Les propriétai­res devraient être mieux informés des risques », statue-t-elle.

Elle a attendu quelques minutes après l’extinction complète de la flamme avant de procéder au remplissag­e du foyer. Elle croyait que le danger était écarté et qu’elle pouvait ajouter du gel en toute sécurité.

Le chef de division des pompiers de Drummondvi­lle, Yves Beaurivage, refuse de blâmer le foyer ou sa conception pour l’incendie. Selon lui, Mme Côté aurait dû s’assurer que le dispositif était bien éteint avant de procéder au remplissag­e.

« Ces appareils sont habituelle­ment approuvés ULC [Conseil canadien des normes] et les consommate­urs mis en garde. Est-ce que les indication­s sont assez claires ? Est-ce que ce sont les gens qui ne sont pas bien informés ? Est-ce que les détaillant­s devraient mettre plus d’efforts ? Ce sont des questions que l’on doit se poser », dit le pompier.

DE NOMBREUX ACCIDENTS

Les pompiers de Drummondvi­lle ont dû intervenir à plusieurs reprises au cours des derniers mois, notamment pour des incendies de poêles à fondue, qui ont un fonctionne­ment similaire.

« Il y a de plus en plus d’incendies reliés à l’utilisatio­n des poêles à l’éthanol. Nous devrons faire plus de sensibilis­ation », ajoute-t-il.

C’est la deuxième fois en autant de semaines qu’une personne est victime de son foyer à l’éthanol. La semaine dernière, un homme de 23 ans de Sainte-Julie a été brûlé en tentant lui aussi de remplir le réservoir de son foyer à l’éthanol. – Avec la collaborat­ion de Frédérique Giguère

 ?? PHOTOS COLLABORAT­ION SPÉCIALE, ÉRIC BEAUPRÉ ?? Sophie Côté a été brûlée à une jambe, une main et un pied par l’explosion d’un foyer décoratif (en mortaise). Elle pose ici en compagnie de son ami, Frédéric Hamel. Ils étaient tout sourire d’avoir retrouvé leur chat, qui était disparu après l’incendie.
PHOTOS COLLABORAT­ION SPÉCIALE, ÉRIC BEAUPRÉ Sophie Côté a été brûlée à une jambe, une main et un pied par l’explosion d’un foyer décoratif (en mortaise). Elle pose ici en compagnie de son ami, Frédéric Hamel. Ils étaient tout sourire d’avoir retrouvé leur chat, qui était disparu après l’incendie.

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