Le Journal de Montreal

Les migrants trans veulent les mêmes droits

Ceux qui n’ont pas la citoyennet­é canadienne ne peuvent pas modifier la mention de sexe sur leurs documents

- FRÉDÉRIC T. MUCKLE

La communauté trans de Montréal réclame que le gouverneme­nt québécois permette aux nouveaux arrivants de changer de nom et de mention de sexe à l’instar des autres personnes trans de la province.

Adrianna Diaz, qui a quitté le Mexique en 2007 pour transition­ner au Québec, a passé 10 ans à être considérée officielle­ment comme un homme bien qu’elle considère, elle, être une femme.

Elle sait ce que signifie immigrer dans un nouveau pays où l’on doit se trouver du travail, un logis, et apprendre une nouvelle langue avec des papiers officiels qui ne correspond­ent pas à la personne que l’on est réellement.

« Imaginez, si, sur tous vos papiers, on garde la même photo, mais qu’on change le nom et le sexe. Tu vas voir que tu auras de la misère à la banque ou à la poste, explique l’étudiante en génie logiciel à l’Université Concordia. C’est très difficile. »

POSSIBLE, MAIS DIFFICILE

Mme Diaz a finalement pu changer officielle­ment de nom et de mention de sexe au fédéral avec l’aide d’un avocat, après avoir dépensé beaucoup de temps et plusieurs centaines de dollars.

Selon Adrianna Diaz et les quelques centaines de personnes qui s’étaient réunies dimanche pour la quatrième édition de la Marche trans, le gouverneme­nt québécois devrait faciliter le procédé en permettant aux personnes trans migrantes de changer de nom et de mention de sexe, comme il est actuelleme­nt permis de le faire dans toutes les autres provinces du pays.

« Quand les personnes trans viennent ici, elles ont plus de difficulté à s’intégrer, à trouver du travail et à trouver un logement parce que ces personnes ne sont pas autorisées à changer la mention de sexe et leur prénom sur les documents d’identité », explique Dalia Tourki, porte-parole de l’organisme Euphorie dans son genre, qui organisait l’événement. Ça crée énormément de problèmes. »

« Le problème, au Québec, c’est qu’on se dit que ces gens-là viennent d’un autre pays et, donc : “Laissons-les régler ces problèmes-là dans leur pays d’origine” », déplore quant à elle Mme Diaz.

CHANGER LA SITUATION

Le projet de loi 895, déposé à l’Assemblée nationale le 17 mai dernier par le Parti québécois, vise à changer la situation.

Le parti cherche à modifier le Code civil du Québec afin que les gens ne s’identifian­t pas au genre figurant sur leur acte de naissance n’aient plus l’obligation d’avoir été domiciliés dans la province depuis au moins un an et d’avoir la citoyennet­é canadienne pour que leurs prénoms et la mention de leur sexe soient remplacés sur des documents officiels.

« IMAGINEZ, SI, SUR TOUS VOS PAPIERS, ON GARDE LA MÊME PHOTO, MAIS QU’ON CHANGE LE NOM ET LE SEXE. TU VAS VOIR QUE TU AURAS DE LA MISÈRE À LA BANQUE. » – Adrianna Diaz

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PHOTOS AGENCE QMI, FRÉDÉRIC T. MUCKLE Adrianna Diaz a été l’une des participan­tes à la Marche trans hier, à Montréal.

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