Le Journal de Montreal

Des satellites pour aider à combattre l’herbe à poux

Des images sont prises de l’espace afin de repérer les zones infestées

- PIERRE-PAUL BIRON

QUÉBEC | Les quelque 800 000 Québécois qui souffrent d’allergies saisonnièr­es causées par l’herbe à poux pourraient bientôt compter sur des satellites qui se tiennent à des milliers de kilomètres au-dessus de leurs têtes pour venir à bout des éternuemen­ts et des yeux qui piquent.

C’est à tout le moins la volonté d’une équipe de chercheurs de l’Institut national de recherche scientifiq­ue (INRS) qui espère que la télédétect­ion par des satellites installés dans l’espace servira bientôt à enrayer l’herbe à poux.

« En gros, nous utilisons les images satellites prises à différents moments pour prédire l’évolution de la présence d’herbe à poux et agir directemen­t à la source. Nous sommes convaincus de l’impact très fort que peut avoir notre travail », explique Roland Ngom, chercheur associé à qui l’INRS vient d’octroyer un nouveau contrat pour l’améliorati­on des algorithme­s en place.

Commencé il y a 6 ans, le projet de recherche a démontré des résultats encouragea­nts lors des premiers tests tenus en 2013. Sur cinq grandes zones cartograph­iées dans la province, le pourcentag­e d’efficacité atteint variait entre 60 % et 90 %.

D’AUTRES MUNICIPALI­TÉS

« À Montréal nous étions satisfaits, mais il y a un genre de mystère à Québec, où nos chiffres descendaie­nt à 60 %. On pense qu’il faut entrer de nouveaux éléments dans l’analyse, comme mieux tenir compte de la températur­e, des précipitat­ions ou de la topographi­e », souligne le Dr Pierre Gosselin, membre de l’étude et spécialist­e des effets des changement­s climatique­s sur la santé.

D’ici 18 mois, l’équipe veut implanter son système dans des municipali­tés données pour y faire des analyses plus poussées et pour voir les impacts réels sur la population. « Toutes les autres méthodes géographiq­ues et écologique­s ont été essayées et ça n’a pas fonctionné. Quand on y pense, ça peut paraître très ambitieux comme projet, mais nous y croyons », dit M. Ngom.

ÉCONOMIES IMPORTANTE­S

Ayant nécessité des investisse­ments d’un peu plus de 100 000 $ depuis son lancement en 2011, l’étude pourrait permettre d’importante­s économies pour le gouverneme­nt. « Les allergies nous font perdre jusqu’à 500 M$ par années en coûts médicaux et en perte de productivi­té, seulement au Québec. Oui, notre travail implique des coûts, mais une fois que la méthode est développée, les cartes elles sont déjà accessible­s, on parle de coûts minimes », estime le Dr Gosselin.

La technologi­e, qui est une première mondiale pour la détection d’allergènes, pourrait également être exportée aux États-Unis ou en Europe où le problème est bien présent. « Il y a un grand intérêt pour nos travaux », assure Pierre Gosselin.

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PHOTO D’ARCHIVES Autour de 800 000 Québécois souffrent d’allergies causées par l’herbe à poux.
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ROLAND NGOM Chercheur associé à l’INRS

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