Colère au Kenya après la réélection du président
Des manifestants envahissent les rues de Kisumu
KISUMU | (AFP) À peine la réélection du président Uhuru Kenyatta annoncée hier, une clameur de colère a retenti dans les rues du quartier populaire de Kondele, à Kisumu, l’un des fiefs de l’opposition, dans l’extrême ouest du Kenya.
La victoire de M. Kenyatta laissait présager un vif ressentiment chez les partisans de son principal opposant Raila Odinga, 10 ans après les pires violences postélectorales de l’histoire du pays, qui avaient fait 1100 morts. Il n’a pas tardé à se manifester.
À Kisumu, en quelques minutes, les premiers éléments de la police sont apparus et le son des grenades lacrymogènes tirées en direction des manifestants s’est fait entendre.
Le rond-point central de Kondele, dans le nord de la ville, est le traditionnel point de rassemblement pour les manifestations, et la police s’est empressée d’en sécuriser l’accès. Des dizaines de policiers en tenue antiémeutes ont commencé à avancer lentement, d’un pas lourd, dans le noir, bâtons et boucliers prêts à servir.
« Ils essaient tout, mais ils n’y arrivent pas », a déclaré un policier dans sa radio, alors que des feux étaient allumés à quelques centaines de mètres de là sur la rue.
Au milieu des gémissements et cris de colère émergeant de la nuit, la police a tiré des coups de feu à Kondele pour tenter de disperser les manifestants.
La même scène s’est répétée dans les quartiers d’Obunga et Manyatta. Kondele avait déjà été le théâtre, mercredi, d’échauffourées, après que l’opposition eut rejeté pour la première fois les résultats alors provisoires de la présidentielle.
« Ils sont venus nous tuer comme en 2007 », a déclaré un manifestant dans un bar du quartier de Nyalenda, où il avait trouvé refuge avec quelques personnes, après que la police eut ouvert le feu en direction d’un groupe qui tentait de manifester.
« Pourquoi tirent-ils sur des innocents qui expriment leur opinion? Pourquoi imposent-ils Uhuru aux gens ? », a-t-il ajouté.
« CINQ ANS DE PLUS »
Dans de nombreuses autres parties du pays, ce sont les cris de joie et les chants à gorge déployée des sympathisants de M. Kenyatta qui ont empli la nuit.
À Eldoret, Nakuru ou encore Nyeri, des milliers de personnes sont ainsi descendues dans les rues pour célébrer la réélection de leur champion, brandissant des drapeaux et s’époumonant au son des vuvuzelas.
« C’est à Uhuru de diriger. Il est le meilleur dirigeant que nous ayons eu », s’est enthousiasmé Simon Kipkoech, à Eldoret.
À Nairobi, sur Thika Road, un des axes routiers menant vers le nord, les gens ont chanté, dansé, sauté sur les voitures et klaxonné, scandant « Uhuru » et « Five more years » (« Cinq ans de plus »).