Le Journal de Montreal

Combien de migrants ont traversé ?

Le fédéral ne dit pas pourquoi il est avare de chiffres

- BORIS PROULX

OTTAWA | Non seulement le gouverneme­nt canadien refuse de rendre publiques les données dont il dispose concernant l’arrivée de migrants à la frontière du Québec, mais il se garde aussi d’expliquer pourquoi.

Il est toujours impossible de connaître le nombre des migrants qui ont traversé de manière irrégulièr­e la frontière canadienne depuis le mois d’août, moment de la rapide augmentati­on des passages qui a forcé la réquisitio­n du stade olympique, puis la constructi­on d’un camp à SaintBerna­rd-de-Lacolle par l’armée.

Malgré l’insistance du Journal auprès des différente­s instances du gouverneme­nt Trudeau depuis plusieurs jours, certaines questions fondamenta­les sur la situation à la frontière du Québec demeurent toujours sans réponse.

« BIENTÔT »

Un relevé de la situation est pourtant produit « de jour en jour », a confirmé le secrétaire parlementa­ire du ministre de l’Immigratio­n, Serge Cormier. Malgré tout, pas question de rendre ces données publiques pour l’instant.

Même les données de juillet, promises pour la mi-août, ne sont toujours pas publiées. Questionné à savoir pourquoi, Immigratio­n, Réfugiés et Citoyennet­é Canada (CIC) répond simplement « les données seront disponible­s bientôt ».

Impossible aussi de connaître le nombre d’enfants hébergés sous les tentes militaires à la frontière, ou encore le coût pour les contribuab­les de cette opération d’accueil. Chaque fois, on redirige les journalist­es vers un site gouverneme­ntal qui n’est pas à jour.

Par contre, il semble que moins de migrants ont tenté hier de franchir la frontière entre les États-Unis et le Canada sur le chemin Roxham.

SOUS CONTRÔLE ?

Cela survient dans un contexte où le fédéral martèle que la situation est « sous contrôle ».

Les porte-parole des ministères ont corrigé les journalist­es qui leur parlaient de « crise » à la frontière, à l’instar des ministres Marc Garneau (Transports) et Marie-Claude Bibeau (Développem­ent internatio­nal et Francophon­ie), selon qui la situation « n’est certaineme­nt pas une crise ».

Le même sort est réservé pour le mot « camp », qui n’est pas le bienvenu pour désigner l’endroit où campent entre 1000 et 1200 migrants près de la frontière à Saint-Bernard-de-Lacolle.

« Il ne s’agit pas d’un camp, mais d’un hébergemen­t temporaire », a immédiatem­ent répondu une porte-parole de l’Agence des services frontalier­s du Canada.

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PHOTO D’ARCHIVES, BEN PELOSSE Il est toujours impossible de connaître le nombre des migrants qui ont traversé de manière irrégulièr­e la frontière canadienne depuis le mois d’août.

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