Le président américain de plus en plus isolé
La virulente sortie de Trump sur Charlottesville suscite de nombreuses réactions
NEW YORK | (AFP) Donald Trump était dans une position difficile hier après sa virulente sortie sur Charlottesville qui suscitait un profond malaise dans son camp politique comme dans le monde économique.
Fait rarissime, ses deux prédécesseurs républicains encore en vie, George H.W. Bush et son fils George W. Bush, ont diffusé un communiqué commun appelant l’Amérique à « rejeter le racisme, l’antisémitisme et la haine sous toutes ses formes ».
Les 41e et 43e insistent sur la nécessité de garder à l’esprit les mots de Thomas Jefferson, principal auteur de la Déclaration d’indépendance : « Tous les hommes sont créés égaux ».
En renvoyant dos à dos les groupuscules suprémacistes blancs – dont un sympathisant a tué une jeune femme samedi à Charlottesville – et les manifestants antiracistes, Donald Trump a franchi un cap, un peu plus de 200 jours après sa prise de fonction.
Ses propos, livrés sur un ton acerbe et accusateur depuis la Trump Tower et salués par l’ex-leader du Ku Klux Klan David Duke, ont laissé nombre d’élus sans voix.
Et donné l’impression très nette que c’est dans ce torrent de paroles que Donald Trump a dit ce qu’il pensait, plutôt que la veille lorsqu’il lisait sur téléprompteur, depuis la Maison-Blanche, un discours condamnant les « violences racistes ».
Confronté à une vague de démissions de PDG en désaccord avec ses propos, le président américain a annoncé d’un tweet rageur la dissolution de deux des instances l’entourant pour le conseiller en matière de politique économique.
LE PARTI DE LINCOLN
Signe clair d’embarras : les républicains ne se bousculaient pas sur les plateaux de télévision pour défendre l’ancien magnat de l’immobilier. Et les seules voix qui émergeaient étaient critiques.
« À Charlottesville, les torts sont clairement du côté du KKK et des suprémacistes blancs », a tranché sur ABC Ronna Romney McDaniel, qui dirige le parti républicain (RNC).
De son côté, le sénateur Lindsey Graham s’inquiétait ouvertement que « le parti de Lincoln offre un siège accueillant aux David Duke de ce monde ».
Lors d’une conférence de presse improvisée et décousue dans le lobby de la Trump Tower à Manhattan, Donald Trump a renvoyé dos à dos les membres de la droite suprémaciste et les manifestants venus les dénoncer.
Dénonçant « l’Alt left qui a attaqué l’Alt right (terme qui désigne la droite alternative) », il a aussi souligné, dans une formule qui a marqué les esprits, qu’il y avait des gens « très bien » des deux côtés.
« Pourquoi sommes-nous surpris que le président qui avait lancé sa campagne par des appels à l’intolérance donne aujourd’hui des gages à ceux qui la prônent ? » s’interrogeait David Axelrod, ancien proche conseiller de Barack Obama.
TWEET D’OBAMA PLÉBISCITÉ
Samedi, peu après les violences, il avait provoqué une première vague d’indignation en refusant de condamner explicitement les groupuscules dont est issu le militant néofasciste ayant projeté sa voiture contre des manifestants.
Hier, il a finalement tweeté un bref hommage à la victime Heather Heyer, « une jeune femme vraiment spéciale », pendant la cérémonie funéraire.
Son prédécesseur démocrate, Barack Obama, avait réagi dès dimanche en tweetant une phrase de Nelson Mandela : « Personne ne naît en haïssant une autre personne à cause de la couleur de sa peau ou de ses origines, ou de sa religion ».
Ce tweet est devenu le plus « aimé » de l’histoire du réseau social, a indiqué Twitter hier.
Dans son éditorial, le New York Times déplorait le comportement de M. Trump devenu « malheureusement non surprenant ».