Le Journal de Montreal

22 M$ en frais de déverrouil­lage de téléphone

Une demande de recours collectif a été déposée contre les compagnies fournissan­t des forfaits de cellulaire

- MARIE-ÈVE DUMONT

Une demande de recours collectif a été déposée contre les compagnies de cellulaire pour récupérer les quelque 22 millions $ qui auraient été soutirés aux Québécois depuis trois ans en frais de déverrouil­lage de téléphone.

« J’avais payé le téléphone, mais j’avais encore les mains liées, même si c’était ma propriété. C’est comme si j’achetais un sac à main dont la fermeture éclair est barrée et qu’il faut que je paie pour le déverrouil­ler », ironise Verna Jane Dumlao, représenta­nte du recours.

Le Conseil de la radiodiffu­sion et des télécommun­ications canadienne­s (CRTC) a annoncé récemment qu’à compter du 1er décembre prochain, les frais de déverrouil­lage seront bannis et que les compagnies ne pourront plus vendre de téléphones verrouillé­s.

Le président du CRTC, Jean-Pierre Blais, a qualifié ces frais de « taxe d’adieu soutirée au client qui veut quitter », tout en s’excusant de ne pas avoir agi plus tôt.

88 M$ AU PAYS

L’avocat responsabl­e du recours collectif, Joey Zukran, de la firme LPC Avocats, se base donc sur cette décision du CRTC pour forcer les compagnies à rembourser aux clients le montant « disproport­ionné et abusif » de 50 $ ou plus dans certains cas, payé lors des demandes de déverrouil­lage depuis août 2014. Des dommages punitifs de 25 $ par consommate­ur québécois lésé sont aussi réclamés.

Le recours vise les grandes compagnies de téléphone sans fil canadienne­s, qui font aussi affaire sous plusieurs noms, soit Bell (Virgin Mobile, Solo mobile), Telus (Koodo), Rogers (Fido, Chatr) et Vidéotron.

Près de 88 M$ auraient été payés par les Canadiens aux fournisseu­rs de forfaits cellulaire­s de 2014 à 2016 pour le déverrouil­lage, lit-on dans la requête déposée lundi en Cour supérieure. Me Zukran considère donc qu’il y aurait au moins 22 M$ à récupérer pour les Québécois.

« FRAIS ABUSIFS »

« L’enquête menée par le CRTC montre que les fournisseu­rs ont demandé aux compagnies qui fabriquent les cellulaire­s comme Apple ou Samsung de verrouille­r les appareils alors que ce n’était pas plus cher de ne pas le faire. C’est une décision consciente qui a amené des frais abusifs pour le consommate­ur », soutient Me Zukran.

Un téléphone déverrouil­lé permet au client de changer de compagnie qui fournit le forfait du cellulaire ou d’utiliser son téléphone mobile dans un autre pays avec un fournisseu­r local, plutôt que de choisir des forfaits d’itinérance qui sont souvent très dispendieu­x.

Seulement en 2015, quelque 923 000 téléphones ont été déverrouil­lés au Canada par les compagnies de sans-fil, selon le CRTC, ce qui fait dire à Me Zukran que plusieurs dizaines de milliers de Québécois pourraient donc bénéficier du recours.

Il faut cependant qu’un juge approuve d’abord la demande de recours collectif avant que les procédures judiciaire­s ne s’enclenchen­t, ce qui pourrait prendre plusieurs mois.

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