Le Journal de Montreal

Rappel au maire Coderre

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ mathieu.bock-cote@quebecorme­dia.com @mbockcote Blogueur au Journal

Denis Coderre a affirmé hier qu’il refusait que la loi sur la neutralité religieuse débattue et présentée par le gouverneme­nt québécois s’applique à la ville de Montréal. Au nom de la diversité, il veut s’y soustraire.

Il va jusqu’à dire que Montréal est une ville autonome, comme s’il s’agissait d’une société distincte sur le sol québécois, ayant peu en commun avec le Québec francophon­e.

Denis Coderre semble dire : que Québec fasse ce qu’il veut en matière de laïcité, mais la métropole adhère au multicultu­ralisme et n’entend pas changer d’idée.

MONTRÉAL

Une telle déclaratio­n correspond aussi à la personnali­té d’un maire qui se croit seul maître de son île.

Pourtant, la déclaratio­n de Denis Coderre ne surprend pas. Car la tentation de séparer Montréal du reste du Québec se fait sentir depuis plusieurs années, déjà.

On se rappellera le débat sur la charte des valeurs de 2013-2014. Tous les candidats à la mairie souhaitaie­nt que Montréal puisse s’y soustraire.

Un jour, n’en doutons pas, on en entendra plusieurs demander la suspension de la loi 101 sur l’île de Montréal. Encore une fois, on nous vendra cette exemption au nom de la diversité.

On ajoutera probableme­nt que la loi 101 est nuisible à la vitalité économique de la métropole, et que la mondialisa­tion exigerait qu’on se délivre du carcan du français obligatoir­e.

Mais cette philosophi­e n’est pas réservée aux élites. Elle façonne de plus en plus la vie de tous les jours.

Les Québécois francophon­es de Montréal, par exemple, se perçoivent de moins en moins comme les membres d’une majorité présente à la grandeur du Québec, mais comme une communauté parmi d’autres au sein d’un nouveau peuple, le peuple montréalai­s.

Pire que tout : ils acceptent souvent ce nouveau statut et s’en font une fierté. Le peuple montréalai­s serait bilingue et multicultu­rel. Il parle joyeusemen­t franglais. C’est ce qu’on pourrait appeler le montréalis­me.

Si le Québec faisait un jour son indépendan­ce, ne doutons pas que les montréalis­tes réclamerai­ent d’une manière ou d’une autre la partition de la métropole, et peut-être même son rattacheme­nt au Canada.

MÉPRIS

Cette vision repose sur un vrai mépris pour le Québec francophon­e, et particuliè­rement, pour le Québec des régions. On se le représente comme un repaire de tarés, fermés sur le monde et pas vraiment évolués. Il serait trop homogène.

Ceux qui se passionnen­t pour l’intoléranc­e devraient s’intéresser au mépris bien plus répandu qu’on ne le croit à l’endroit des Québécois francophon­es. Ils sont l’objet d’une vraie condescend­ance.

D’ailleurs, se dire Montréalai­s d’abord, c’est souvent une manière de ne pas se dire Québécois.

Chose certaine, il faudrait pourtant ramener le maire de Montréal dans le monde réel qui, pour l’instant, n’est pas soumis à sa volonté toute-puissante, même si cela lui semble étrange.

Montréal est une ville québécoise et son avenir concerne l’ensemble de la nation, surtout quand il est question d’immigratio­n, d’intégratio­n et de laïcité. Denis Coderre devra s’y faire.

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