Le Journal de Montreal

SKATEBOARD AU FÉMININ

- Véronique Champagne veronique.champagne @quebecorme­dia.com

Ce week-end se tiendra au Parc olympique de Montréal une Coupe du monde de skateboard dans le cadre du festival des sports d’action JACKALOPE. Rencontre avec Annie Guglia, meilleure athlète féminine au Canada.

Annie Guglia skate depuis 15 ans. Elle a 26 ans. La Montréalai­se roule sa bosse semi-profession­nellement dans ce sport encore marginal, dans lequel la présence des femmes l’est tout autant. « Il m’est arrivé de devoir recruter moi-même des filles pour qu’une compétitio­n décide d’ouvrir une catégorie féminine, donne en exemple Annie Guglia, classée 25e au monde. Autre fait désolant, il a fallu que des femmes choisissen­t de lancer leur propre compagnie (Meow Skateboard) afin que les athlètes féminines puissent espérer passer du côté des « pros », et ainsi peut-être enfin profiter des commandite­s qui s’y rattachent. « La sous-culture du skateboard était très masculine et plutôt fermée », dit la spécialist­e du street.

PAS UNE QUESTION DE TESTOSTÉRO­NE

Avant, beaucoup auraient dit que « ça en prend une bonne paire » pour se lancer dans des figures toujours plus impression­nantes sur des rampes, des escaliers, des pentes et autres structures urbaines. Regardons plutôt entre les deux oreilles : il faut un mental à toute épreuve et un penchant pour l’adrénaline pure.

« Mon Mojo, c’est de faire quelque chose qui me fait peur tous les jours. Autrement, on ne peut pas progresser en skate », dit l’athlète. Pour apprendre un nouveau tour, il faut surmonter ses peurs, viser un peu plus haut, tenter le tout pour le tout et ne pas avoir craindre de tomber.

« On ne tombe pas en s’initiant au skate lorsqu’on est bien accompagné. Ce n’est pas pire que le vélo, rassure la spécialist­e, qui ne s’est jamais rien cassé. C’est si on souhaite essayer de nouvelles figures que cela arrivera inévitable­ment, et souvent. »

La réputation casse-cou du sport n’est donc pas sans fondement. Mais exceller en skate prend plus que des nerfs d’acier. Annie passe une dizaine d’heures sur sa planche par semaine à répéter ses figures, en plus des entraîneme­nts complément­aires de musculatio­n et de mobilité. Et il s’agit de son horaire allégé, alors qu’elle se concentre cet été à terminer sa maîtrise en gestion.

Ses athlètes ont beau s’entraîner fort, le sport conserve une réputation de « jeu d’enfant ». Cela risque fort de changer bientôt.

NOUVELLE DISCIPLINE OLYMPIQUE

Aux Jeux olympiques de Tokyo en 2020, on pourra pour la première fois profiter du spectacle des meilleurs planchiste­s au monde. Que le sport marginal fasse son entrée aux Jeux fait plusieurs heureux, et autant de malheureux.

« Certains craignent la commercial­isation du skate, que le sport perde son essence », résume Annie. Un avis que ne partage pas l’athlète. « Tout ce qui peut aider à faire rayonner le skate est positif. S’il y a plus d’argent injecté dans le sport, s’il y a plus de commandita­ires au rendez-vous, s’il y a plus de projets d’infrastruc­tures accessible­s… Bref, s’il est plus facile de s’initier au sport et qu’il y a plus de façons de gagner sa vie, tout le monde y gagne. »

Annie Guglia souhaite être des Jeux olympiques. Cette année, elle additionne les compétitio­ns afin d’améliorer son classement vers le top 20 mondial. Être première au pays ne suffit pas pour assurer sa présence.

« Je dois prouver que je peux être un espoir de médaille pour le Canada », dit Annie Guglia.

Au-delà de l’entraîneme­nt pour les JO, l’athlète se dévoue auprès de la communauté du skate afin que davantage de filles s’y initient ou choisissen­t d’y exceller. Elle souhaite tirer le sport vers le haut au pays, peu importe ce qui lui en coûte.

«Je préfère être 15e parmi les meilleures des meilleures que première dans une petite catégorie», résume Annie Guglia. L’étoffe d’une athlète olympique, sans aucun doute.

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PHOTO MARTIN ALARIE Annie Guglia voit d’un bon oeil la présence du skateboard aux Olympiques. Elle souhaite être du nombre à Tokyo 2020.
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