UNE PAUSE SALUTAIRE AVANT LES JEUX
Marie-Michèle Gagnon tient à rentrer chez elle au mois de janvier À MOINS DE 6 MOIS DES JEUX OLYMPIQUES DE PYEONGCHANG EN CORÉE DU SUD, LE JOURNAL A RENCONTRÉ QUELQUES-UNS DES NOS MEILLEURS ESPOIRS DE MÉDAILLES. NOUS VOUS LES PRÉSENTONS AU COURS DES PROC
Marie-Michèle Gagnon a cédé la dernière fois, mais elle s’est jurée qu’on ne l’y reprendrait plus. Une saucette à la maison familiale de Lac-Etchemin ou chez elle à Lake Tahoe deviendra indispensable pour refaire le plein quelques semaines avant les Jeux olympiques.
Quelque part en janvier prochain, l’équipe canadienne de ski alpin devra l’oublier. Ce genre d’éclipse est devenu nécessaire pour elle. Si ses entraîneurs l’avaient convaincue que le calendrier serré ne lui permettait pas de le faire avant les championnats mondiaux de février dernier à Saint-Moritz, cette fois, elle ne pliera pas.
« Je vais être plus intelligente, cette année. Je savais qu’il fallait que je retourne au Québec si je voulais performer aux championnats du monde », évoque-t-elle comme principal argument.
« BRÛLÉE » AUX MONDIAUX
Après neuf saisons en Coupe du monde à vivre d’hôtel en hôtel durant de longs mois, ce besoin de se ressourcer dans un environnement familier s’avère maintenant essentiel. L’exemple des derniers mondiaux le lui a rappelé avec quatre tops 20, dont au mieux une sixième place au combiné.
Ce ne fut pas la catastrophe, mais cette expérience l’a convaincue. Même si elle a pu décrocher du ski avant le rendez-vous majeur de la saison en Suisse, entre autres en assistant à la victoire de son amoureux Travis Ganong à la descente de Garmisch, il lui aurait fallu plus.
« J’étais tellement brûlée mentalement aux championnats du monde. Ça siphonne beaucoup d’énergie parce que je suis du genre à m’investir énormément dans chaque course parce que je vois une chance [de podium] à chaque fois. Mais quand ça fait plus de quatre mois que tu es sur la route… », plaide la skieuse de 28 ans.
« C’est vraiment important pour moi de retourner à la maison quand c’est possible de le faire dans l’horaire, et ce, même si ça veut dire que je dois manquer des courses importantes. Je veux me donner la meilleure chance possible aux Jeux olympiques. »
À l’approche des Jeux de PyeongChang, vouloir recharger les piles chez soi s’explique aussi parce que sa commande de travail augmentera durant la prochaine saison. En reprenant du service régulièrement dans les épreuves de vitesse, son calendrier se bousculera davantage puisqu’elle continuera de se consacrer aux disciplines techniques.
DÉJÀ 2022 EN VUE
Les conseils des sages de l’équipe canadienne, Erik Guay et Manuel Osborne-Paradis, la confortent dans son souci de s’accorder du temps pour elle, d’autant plus qu’elle prévoit déjà poursuivre sa carrière jusqu’aux Jeux de 2022 à Pékin.
« Oui, c’est mon but si j’ai encore la motivation et si je suis encore en santé. C’est sûr que ça devient de plus en plus difficile de toujours vivre à l’étranger, mais je parle souvent avec Erik, Manny ou d’autres qui ont de l’expérience et ils me disent souvent qu’ils ne peuvent plus s’imposer des horaires comme lorsqu’ils étaient plus jeunes. Ils ont des enfants et c’est important pour eux de retourner à la maison, mais même avant qu’ils aient des enfants, ils y tenaient aussi. »
UN RETOUR DANS LES ÉPREUVES DE VITESSE
Lindsey Vonn, Lara Gut et les autres canons de la vitesse en Coupe du monde de ski alpin auront de la nouvelle compagnie canadienne l’hiver prochain en Marie-Michèle Gagnon.
À la suggestion de l’entraîneur-chef Manuel Gamper qui voit en elle un potentiel négligé, la Québécoise s’investira régulièrement dans les épreuves de descente et de super-G. Pour la première année depuis son premier départ en Coupe du monde en 2008, elle partagera son calendrier entre les épreuves de vitesse et techniques.
« Manuel est reconnu pour ses qualités d’entraîneur en vitesse et il a travaillé durant sept ans avec l’équipe de Suisse, avec qui il a connu du succès. Selon lui, j’ai beaucoup de potentiel en vitesse parce que j’ai l’une des premières qualités importantes, celle de ne pas avoir peur. Et c’est vrai que je me suis toujours sentie confortable », affirme la skieuse originaire de Lac-Etchemin,
RETOUR AUX SOURCES
Avant de subir une double fracture à la jambe gauche lors d’un entraînement en 2007, Gagnon carburait en priorité aux épreuves de vitesse. Elle avait dû délaisser cette marque de commerce pour verser dans le slalom géant et le slalom après être sortie de sa rééducation.
En se consacrant à la descente, elle bonifiera ainsi ses aptitudes pour le combiné, une épreuve qui lui sourit bien comme le prouvent ses deux victoires en carrière en Coupe du monde.
« Aux Jeux olympiques et aux championnats du monde l’année suivante, le combiné comportera la descente et le slalom. Donc, il me faut du millage. C’est ça le plan : ajouter plus de vitesse. Ça va faire en sorte que je vais avoir un horaire encore plus chargé, mais je veux voir ce que ça va donner en vitesse, surtout que je me mets moins de pression dans les disciplines techniques. »