Une caserne non résistante au feu coûte une fortune
Le bâtiment construit sans permis et sans vrais plans doit être mis aux normes
Après avoir été bâclé une première fois, l’agrandissement de la caserne d’incendie de Coteau-du-Lac coûtera près d’un million de dollars à la petite municipalité, soit plus de cinq fois le prix initial du projet.
« D’un projet de 185 000 $, nous en sommes rendus à plus de 900000 $. Il y a des gouvernements qui sont tombés presque pour ça! » lance avec colère Jacques Biron, un conseiller municipal de la Ville de 7000 âmes située en Montérégie.
Devant cette situation, les six conseillers de Coteau-du-Lac ont réclamé, en juin la démission du maire Guy Jasmin. Mais il a balayé cette proposition du revers de la main.
Structure instable, fenêtres trop petites pour laisser passer un humain, murs et planchers non résistants au feu… La nouvelle annexe construite à un mètre de la caserne d’incendie a été si mal conçue qu’elle doit désormais être refaite.
Lorsque le projet a été lancé, en 2015, la Ville ne possédait aucun plan d’architecte ou d’ingénierie approuvé par des professionnels. Elle ne s’était même pas octroyé elle-même un permis pour la construction.
Même si l’immeuble qui devait abriter des bureaux, des toilettes et un dortoir pour les pompiers est terminé depuis un bon moment, il n’a pour l’instant jamais servi puisqu’il n’est pas sécuritaire, selon un rapport d’expertise réalisé pour la Ville.
ERREURS COÛTEUSES
Le prix de l’agrandissement était initialement estimé à 181000 $. Deux ans plus tard, les travaux pour mettre aux normes le bâtiment flambant neuf coûteront à eux seuls près de 400 000 $, selon des documents obtenus par Le Journal.
À cette somme s’ajoutent les coûts des travaux de 2015 et 2016, ceux de la préparation de plans et devis pour la réfection et ceux de la surveillance des travaux, pour un total de plus de 900 000 $. Ce montant représente 10 % du budget annuel de la municipalité.
Le projet est si bâclé que la Régie du bâtiment a dû s’en mêler. L’organisme a remis un constat d’infraction de 43 055 $ à la Ville au début du mois d’août pour avoir fait exécuter des travaux de construction « sans être titulaire d’une licence en vigueur à cette fin ».
PAS MA FAUTE
Le maire juge que la Ville « n’a pas d’affaire à payer » cette amende. « C’est certain qu’on va la contester, affirme-t-il. »
« Pourquoi [contester] ? Nous sommes coupables ! […] Quand j’ai demandé à M. Jasmin si ça allait encore coûter des frais d’avocats, il m’a dit qu’on allait se défendre tout seuls », s’indigne Jacques Biron.
Le maire admet ne pas avoir obtenu de permis pour la construction de l’annexe et avoir fait changer les plans en cours de route sans les faire valider. Il rejette toutefois la faute sur la direction générale de la Ville, qui aurait dû lui faire remarquer ces faux pas selon lui.
« Les règles pour une caserne de pompiers, c’est beaucoup plus compliqué que n’importe quoi d’autre, argue M. Jasmin. La direction est là, elle avait rien qu’à me dire que ça prenait un permis ! S’ils avaient fait la job comme il faut au début, on ne serait pas rendu là. »