Le Journal de Montreal

Un mafioso abattu sous les yeux de son enfant

Les assassins d’Antonio De Blasio ont violé une règle du crime organisé

- ERIC THIBAULT

Les assassins du mafioso Antonio De Blasio ont enfreint une vieille règle non écrite au sein du crime organisé, mercredi soir, en le criblant de balles sous les yeux horrifiés de son enfant.

Surnommé « Turbo » dans le monde interlope, De Blasio s’était rendu au parc La Dauversièr­e pour aller chercher son fils qui venait de participer à une pratique de football, dans l’arrondisse­ment de Saint-Léonard, d’après nos sources.

La victime de 45 ans avait ouvert le hayon de son véhicule utilitaire sport pour ranger de l’équipement sportif dans le coffre arrière quand une voiture est passée près de lui, sur la rue Lisieux, vers 20 h 30. VIE EN DANGER

Un tireur à bord de la voiture en marche a fait feu à plusieurs reprises en direction de la victime, dont le garçon se trouvait alors à proximité. Le jeune était sous le choc à l’arrivée des policiers du SPVM et des ambulancie­rs.

De Blasio avait été avisé par les policiers que sa vie était en danger, à l’été 2015. Mais il va sans dire que ce règlement de comptes cruel risque d’entraîner de violentes représaill­es.

Quand leur cible est accompagné­e d’un enfant, les tueurs à gages profession­nels préfèrent remettre l’exécution de leur contrat à un autre moment. La règle vaut autant pour les plus aguerris que pour les novices. « ON FAIT JAMAIS ÇA »

C’est arrivé à quelques reprises au délateur Gérald Gallant, qui a abattu une vingtaine de personnes pour le compte des Rock Machine et du Gang de l’ouest durant la guerre des motards.

« On fait jamais ça. Pas question de traumatise­r cet enfant-là. J’ai dit “on reviendra demain” », a-t-il déclaré aux policiers en relatant sa triste carrière.

En janvier 2013, des membres d’un gang de rue chargés des basses oeuvres de la mafia avaient eux aussi remis au lendemain l’assassinat de Gaétan Gosselin, l’ami du caïd Raynald Desjardins. À leur première tentative, une femme poussant un carrosse avec un jeune enfant passait devant la maison de Gosselin, à Montréal-Nord, au moment où ce dernier était dans leur mire.

Le Journal a appris que De Blasio a déjà eu maille à partir avec le clan des influents frères mafieux Andrea et Salvatore Scoppa, déjà identifiés par la police comme les « hommes forts » du quartier Rivière-des-Prairies.

Les enquêteurs du SPVM savent que la victime s’est déjà bagarrée avec l’un des deux frères dans un bar de la métropole, il y a quelques années.

Salvatore Scoppa a été atteint à un bras lors d’une fusillade, en février dernier, près d’un restaurant à Terrebonne. Son frère Andrea est accusé, depuis novembre 2016, relativeme­nt à la saisie d’une centaine de kilos de cocaïne par la SQ. UN PROCHE DE « JP »

Jusqu’à tout récemment, le SPVM considérai­t Antonio De Blasio comme un proche de Gianpietro « JP » Tiberio, qui serait lui aussi lié au marché interlope de Rivièredes-Prairies par une enquête policière récente. Les policiers ont observé Tiberio autant en compagnie de grosses pointures de la mafia italienne et de leaders de gangs de rue qu’avec des Hells Angels.

Les enquêteurs des crimes majeurs tenteront d’établir si une guerre de territoire constitue vraiment le mobile du 15e meurtre de l’année à Montréal. Le SPVM n’a diffusé aucune descriptio­n des suspects ni de leur véhicule, hier.

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PHOTO AGENCE QMI, PASCAL GIRARD La victime venait d’aller chercher son fils dans un parc de Saint-Léonard quand un tireur l’a atteinte de plusieurs balles.

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