Le Journal de Montreal

Barrette s’en remet aux médecins

Le surdiagnos­tic reste un problème sérieux au Québec

- PIERRE-PAUL BIRON

QUÉBEC | Le ministre de la Santé Gaétan Barrette s’en remet principale­ment aux médecins pour remédier à la problémati­que du surdiagnos­tic dans le réseau de la santé, une position qui fait fulminer l’opposition, qui croit que le Québec n’a pas les moyens de ne pas récupérer les 600 M$ qui y sont liés.

Le ministre Barrette a admis en ouverture du congrès de l’Associatio­n médicale du Québec (AMQ) sur la prévention du surdiagnos­tic que la problémati­que était réelle, mais il a rapidement ajouté que le gouverneme­nt pouvait bien peu pour régler le problème.

« Je n’ai pas le pouvoir de dire à un médecin d’offrir à un patient tel ou tel type de traitement. Je n’ai pas ce pouvoir-là, c’est par les guides de pratique. […] Si le gouverneme­nt commençait à s’ingérer dans la pratique quotidienn­e, plusieurs personnes seraient dans les rideaux », a estimé le ministre de la Santé.

600 M$ DANS LE VIDE ?

Le ministre réfute également le montant de 2 G$ avancés par l’Associatio­n médicale du Québec pour chiffrer le surdiagnos­tic au Québec.

« C’est exagéré, c’est impossible. Mais ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’économies à faire, il y en a. Nous estimons qu’elles sont de l’ordre de 600 M$ », explique M. Barrette.

C’est ce chiffre qui a fait sursauter la critique officielle de l’opposition en santé, Diane Lamarre. La péquiste croit que le réseau de la santé n’a pas les moyens de laisser un tel montant sur la table « parce que le ministre refuse d’agir ».

« Encore une fois, il reconnaît l’enjeu, mais s’en remet à d’autres. Pas dans ma cour ! […] Mais 600 M$, comment peut-il ne pas s’y intéresser. Il a aboli le commissair­e à la santé pour 2 M$, mais là il laisse passer 600 M$, vous voyez bien que dans ses conviction­s profondes, il ne veut pas aller là », dénonce Mme Lamarre, qui propose un meilleur encadremen­t des pratiques par le gouverneme­nt.

COURAGE POLITIQUE

Heureux que Gaétan Barrette ait reconnu qu’une problémati­que de surdiagnos­tic existait bel et bien, le président de l’AMQ souhaite malgré tout voir une plus grande implicatio­n du gouverneme­nt dans le dossier. « Il faut comprendre que dans un système étatique comme le nôtre, il y a certaines balises qui n’ont pas été placées au niveau politique, et c’est ce qui doit être fait. Il faut avoir le courage politique de dire qu’il y a des balises et qu’on les place dans le système », affirme le Dr Hugo Viens.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES, SIMON CLARK ?? Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, admet que le surdiagnos­tic représente une problémati­que sérieuse qui coûterait, selon lui, 600 M$ par année à l’État.
PHOTO D’ARCHIVES, SIMON CLARK Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, admet que le surdiagnos­tic représente une problémati­que sérieuse qui coûterait, selon lui, 600 M$ par année à l’État.
 ??  ?? DIANE LAMARRE Députée péquiste
DIANE LAMARRE Députée péquiste

Newspapers in French

Newspapers from Canada