Le Journal de Montreal

Directions opposées

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Pour connaître du succès, tant aux guichets qu’au niveau des cotes d’écoute, un sport se doit de compter sur des athlètes dotés d’un énorme pouvoir d’attraction. Préférable­ment des athlètes inspirants offrant un bon spectacle et auxquels l’amateur moyen peut s’identifier. Une histoire dite cendrillon est également un gage de succès.

C’est particuliè­rement le cas dans les sports individuel­s. Les sports d’équipe ne dépendent pas autant de la présence d’un seul individu pour engranger des revenus.

Prenons le Canadien de la fin des années 1990 et du début des années 2000. Cette équipe, qui n’avait rien du Tricolore des années 1950 ou de la fin des années 1970, demeurait quand même le principal sujet de discussion en matière de sport dans les chaumières et tavernes de Montréal. Au football américain, le stade d’une équipe comme les Cowboys de Dallas est bondé même lors des années de vache maigre.

On a eu une preuve on ne peut plus évidente de l’impact que peut avoir un athlète, la fin de semaine dernière, avec la présentati­on de la Coupe Rogers.

En l’absence de gros noms, les dames ont joué devant des gradins souvent dégarnis à Toronto. Pendant ce temps, à Montréal, Denis Shapovalov faisait la pluie et le beau temps. Samedi soir, son match de demi-finale a conféré des parts de marché de 23,9 % à TVA Sports. C’est donc dire qu’un Québécois sur quatre qui regardait la télé avait les yeux rivés sur ce match. La veille, les résultats étaient similaires.

Enfin, sa victoire contre Rafael Nadal en huitièmes de finale, qui est l’équivalent d’une victoire de Françoise Abanda aux dépens de Serena Williams, a été suivie par plus d’un demi-million de téléspecta­teurs à un certain moment. C’est inespéré pour un match de huitièmes de finale.

LE GOLF EN DIFFICULTÉ

Au même moment où Alexander Zverev disposait de Roger Federer à Montréal dimanche, les meilleurs golfeurs de la planète se disputaien­t le Championna­t de la PGA. Dans le principal marché de la PGA, c’est-à-dire le marché américain, cette édition du dernier tournoi majeur de la saison s’est avérée la moins écoutée depuis 2008. Il faut dire qu’en 2008, les Jeux olympiques de Pékin avaient aussi lieu au même moment.

Plus tôt cette année, le Tournoi des maîtres a enregistré ses pires cotes d’écoute depuis 2004. De telles données illustrent à quel point Tiger Woods manque cruellemen­t au monde du golf.

Malgré leur talent et l’impression­nante distance que parcourt la balle sur leurs coups de départ, les Jordan Spieth, Dustin Johnson et Rory McIlroy n’ont malheureus­ement pas la prestance d’un Tiger Woods à son apogée.

De 1997 à 2008, lorsque les amateurs de sport décidaient de s’installer devant leur téléviseur par un beau dimanche ensoleillé, c’était pour y voir Tiger Woods à l’oeuvre lors de la ronde finale d’un tournoi.

Depuis, la carrière de Tiger Woods a été marquée par les blessures et divers déboires n’ayant aucun lien avec le golf. Avant que sa carrière ne s’effondre, ce n’était qu’une question de temps avant qu’il éclipse la marque du légendaire Jack Nicklaus pour le plus grand nombre de titres majeurs en carrière, soit 18. Totalisant toujours 14 titres depuis 2008, on imagine mal comment Tiger pourrait en remporter un autre, et encore moins cinq.

Bref, on sous-estime souvent le pouvoir d’attraction d’un seul joueur. Raison de plus pour apprécier un talent génération­nel ou même un conte de fées lorsqu’on en a la chance.

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PHOTO D’ARCHIVES MARTIN CHEVALIER Le parcours magique de Denis Shapovalov a fait de la Coupe Rogers un énorme succès.

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