Le Journal de Montreal

LES DANGERS DU PATIN DE VITESSE

À MOINS DE 6 MOIS DES JEUX OLYMPIQUES DE PYEONGCHAN­G EN CORÉE DU SUD, LE JOURNAL A RENCONTRÉ QUELQUES-UNS DES NOS MEILLEURS ESPOIRS DE MÉDAILLES. NOUS VOUS LES PRÉSENTONS AU COURS DES PROCHAINS JOURS. Ivanie Blondin a subi cinq commotions cérébrales en t

- Alain Bergeron ABerger onJDQ

Paul Kariya, Pat LaFontaine et Eric Lindros pourraient avoir de la compagnie dans leur croisade contre les effets dévastateu­rs des commotions cérébrales. La dernière ambassadri­ce pour la cause pourrait s’appeler Ivanie Blondin et se trouver sur le podium des prochains Jeux olympiques.

La transition de la Franco-Ontarienne d’Ottawa de la courte à la longue piste en 2009 est devenue une excellente nouvelle pour le Canada, déjà une puissance mondiale en patinage de vitesse. Victime de cinq commotions cérébrales à ses trois dernières saisons chez les juniors dans l’univers à risque de la courte piste, les conséquenc­es n’entravent pas ses réussites internatio­nales sur l’ovale de 400 m.

C’est plutôt dans l’exécution de tâches quotidienn­es que l’incidence se manifeste.

« J’ai parfois de la misère à me rappeler de choses à court et à long terme. Je sais que je n’ai plus la mémoire que j’avais avant mes commotions », constate l’athlète de 27 ans.

« IL M’ARRIVE D’OUBLIER »

Médaillée de bronze au 5000 m et quatrième au 3000 m des derniers championna­ts du monde, Blondin dit ne pas vivre avec des maux de tête durant l’effort physique. À l’entraîneme­nt comme en course, rien ne l’inquiète dans la pratique de son sport. C’est pour des gestes banals que ça devient « un peu alarmant », dit-elle.

« Il m’arrive encore d’oublier, mais pas autant qu’avant. Souvent, quand je vais au cinéma, je peux raconter le lendemain le contenu du film que j’ai regardé, mais je ne peux pas toujours me souvenir du titre. J’ai de la misère à me rappeler certaines choses, comme les noms de personnes que j’ai rencontrée­s. »

SPÉCIALIST­E DU DÉPART GROUPÉ

Les chutes, nombreuses en courte piste, n’épargnent pas même les meilleurs de la discipline. Heureuseme­nt pour Blondin, les risques s’avèrent moins élevés sur les plus grandes surfaces de la longue piste. Pourtant, dès que l’épreuve du départ groupé a été acceptée comme discipline officielle aux Jeux de Pyeongchan­g, elle est devenue une spécialist­e de cette discipline dans laquelle s’élancent 24 patineuses !

Troisième au classement final de la Coupe du monde dans cette épreuve la saison dernière, sa médaille d’or aux championna­ts du monde en 2016 et celle d’argent en 2015 en font une candidate pour le podium aux Jeux de 2018.

« Ça prend une bonne mentalité pour cette épreuve, avoir le goût de compétitio­nner et surtout ne pas avoir peur », rappelle-t-elle.

Malgré chaque étude sérieuse qui révèle les conséquenc­es des commotions cérébrales dans le sport, Ivanie Blondin essaie de ne plus se laisser affecter. Maintenant qu’elle a fait ses études en techniques vétérinair­es, elle s’emploie à exercer son cerveau, notamment au jeu du Sudoku. Pour l’avenir, elle préfère faire confiance à la vie.

UN VERRE DE VIN POUR AIDER

« Pour plus tard, on dit que l’accumulati­on de commotions cérébrales peut être liée à la maladie d’Alzheimer. Mon grand-père est justement décédé de cette maladie. C’est quelque chose qu’on connaît dans la famille, alors j’y pense parfois. Mais est-ce que l’Alzheimer me guette moi aussi ? »

Entre-temps, ses résultats l’autorisent à bousculer des convention­s : pourquoi se priver d’un verre de vin la veille d’une course ?

L’une des meilleures spécialist­es des épreuves de longue distance sur la Coupe du monde de patinage de vitesse ne se prive pas d’un ballon de rouge avant d’aller au lit en prévision de sa course du lendemain. En Europe et au Canada, la coupe de vin aide à diminuer la pression, mais il faut parfois adapter ce rituel lors des séjours en Asie.

« En Asie, c’est de la bière. Ça m’aide à me calmer. Oui, il y a de l’alcool, mais si je ne suis pas capable de dormir en raison du stress, ce n’est pas mieux parce que je serai moins efficace sur la glace le lendemain. Je ne prends pas cinq verres. Je prends seulement une bière ou un verre de vin », explique la Franco-Ontarienne qui a contribué à la cinquième place du Canada à la poursuite par équipe aux Jeux de Sotchi.

POURQUOI PAS LE PÂTÉ CHINOIS ?

Pour rester dans les routines atypiques, la veille d’une course suggère un menu particulie­r pour accompagne­r son verre de vin. Le traditionn­el pâté chinois a souvent la cote.

« J’aime beaucoup les patates et je mange juste de la viande rouge, alors c’est facile à faire. Ce n’est pas de la superstiti­on, c’est juste que je trouve que ça m’aide à mieux performer. »

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