Le Journal de Montreal

Sé questré e et coupé e au visage par son ex, une femme a cru mourir

Il a été reconnu coupable hier d’enlèvement, de voies de fait graves et de menaces de mort

- CLAUDIA BERTHIAUME

Enlevée à la pointe d’un couteau, séquestrée pendant six heures, bâillonnée et ligotée sous les yeux de son bébé : une femme de Trois-Rivières a cru qu’elle allait mourir le jour où son ex-conjoint violent l’a défigurée.

Nadine (nom fictif) pensait finir dans le fond d’un lac le 9 janvier 2014. Du moins, c’est ce que son ex-conjoint Mathieu Bougie lui avait promis.

« J’arrive de chez tes parents, la tête de ta mère est sur le plancher, je viens de la décapiter. [...] T’es la prochaine », a menacé l’homme de 36 ans.

Dans les faits, Mathieu Bougie n’a pas tué Nadine ni sa mère, mais il lui a fait vivre un calvaire d’une grande violence.

Hier, le juge Carol Richer l’a reconnu coupable de séquestrat­ion, d’enlèvement, de voies de fait graves et de menaces de mort, entre autres. Le magistrat l’a toutefois acquitté d’un chef de tentative de meurtre, car il n’était pas convaincu hors de tout doute que l’accusé avait l’intention de tuer Nadine.

Nadine et Mathieu Bougie avaient rompu, en mars 2013, après un épisode de violence conjugale. La dame a alors quitté Deux-Montagnes pour Trois-Rivières avec le poupon du couple.

En juillet 2013, lors d’un droit de visite auprès de son fils, Bougie a menacé de tuer Nadine. Hors de lui, il l’a rouée de coups de poing et de pied au visage. Lorsque le père de Nadine a tenté de la défendre, Bougie lui a fait subir le même sort, en plus de frapper la mère de la jeune femme.

Craintive, Nadine a fait installer un système d’alarme dans son logement après cet événement. Mais c’est à l’extérieur de son domicile que Mathieu Bougie lui a tendu un guet-apens, six mois plus tard.

La dame marchait avec son bébé de 13 mois dans sa poussette dans une allée située entre deux blocs d’appartemen­ts. Une minifourgo­nnette grise s’est alors approchée d’elle très lentement.

MENACES DE MORT

Nadine ne pouvait pas voir le conducteur en raison d’un problème de vision qui l’empêche de voir à plus d’un mètre devant elle. Mathieu Bougie est sorti du véhicule et s’est emparé de la mère de son fils par-derrière, en lui insérant un couteau en travers de la bouche.

« Si tu cries, je te tue », a-t-il lancé pour forcer Nadine et le bébé à le suivre.

Saignant abondammen­t de la bouche, Nadine l’a supplié de l’amener à l’hôpital, en vain. Mathieu Bougie a parcouru sans s’arrêter les 154 kilomètres séparant Trois-Rivières de Deux-Montagnes pour la ramener à son domicile.

Arrivé à destinatio­n, le gaillard de 6 pi 2 po et 200 lb a attaché les mains de Nadine avec une attache autobloqua­nte (tie-wrap). Il a ensuite attaché ses pieds avec une corde d’escalade et bâillonné la bouche avec une guenille et du ruban adhésif.

Bougie avait un comporteme­nt très instable, lui disant parfois qu’il la tuerait, et ensuite qu’elle était la femme de sa vie.

Pendant ce temps, une amie inquiète de ne pas avoir de nouvelles de Nadine a contacté les policiers. Ceux-ci ont géolocalis­é le cellulaire de la jeune femme et ont réussi à la libérer après six heures d’enfer.

Nadine a conservé des séquelles de cette violente attaque, dont une cicatrice au visage.

INVRAISEMB­LABLE

Témoignant pour sa défense au procès, Bougie a juré que Nadine s’était infligé ses blessures elle-même avec le couteau, « après lui avoir fait un sourire démoniaque ». Une version que le juge Richer a rejetée du revers de la main.

« Confronté à une preuve solide, l’accusé présente une version d’une invraisemb­lance totale », a noté le magistrat, hier, au palais de justice de Saint-Jérôme.

« Contrairem­ent au témoignage de l’accusé, celui de la plaignante est crédible, précis et appuyé par la preuve », a ajouté le juge Carol Richer.

Mathieu Bougie reviendra en cour en octobre prochain pour la suite des procédures.

 ?? ILLUSTRATI­ON DELF BERG ?? Mathieu Bougie n’a cessé de fixer le sol hier, fronçant les sourcils à l’occasion, pendant que le juge Carol Richer rendait sa décision.
ILLUSTRATI­ON DELF BERG Mathieu Bougie n’a cessé de fixer le sol hier, fronçant les sourcils à l’occasion, pendant que le juge Carol Richer rendait sa décision.

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