Le Journal de Montreal

Le président appelé à « réfléchir avant de parler »

La mère de la victime des violences de Charlottes­ville se vide le coeur

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WASHINGTON | (AFP) La polémique née de ses propos sur Charlottes­ville ne s’éteint pas : Donald Trump reste sous pression, jusque dans son camp, pour son ambiguïté à l’égard de groupuscul­es d’extrême droite.

La mère de Heather Heyer, la femme de 32 ans tuée par un sympathisa­nt néonazi le 12 août à Charlottes­ville, en Virginie, s’en est prise hier au président américain, qui avait assuré vouloir lui présenter personnell­ement ses condoléanc­es.

« Je ne parle plus au président désormais », « je suis désolée », « après ce qu’il a dit sur mon enfant », a dit Susan Bro sur la chaîne ABC, expliquant avoir vu des extraits de la conférence de presse dans laquelle « il disait que les manifestan­ts » antiracist­es, comme sa fille, « et le Ku Klux Klan et les suprémacis­tes blancs étaient équivalent­s ».

« Réfléchiss­ez avant de parler ! », a-t-elle lancé à Donald Trump.

Lors de sa conférence de presse mouvementé­e de mardi, le président des ÉtatsUnis, tout en condamnant les suprémacis­tes blancs et les néonazis qui avaient organisé une manifestat­ion à Charlottes­ville pour s’opposer au retrait d’une statue confédérée, a provoqué une vive controvers­e en assurant qu’il y avait des torts -- mais aussi des gens « très bien » -- « des deux côtés ».

« Qu’il en ait eu l’intention ou pas, ce qu’il a déclaré a entraîné un ravissemen­t des racistes, les larmes des minorités et le deuil du grand coeur de l’Amérique », a réagi hier l’ex-candidat républicai­n à la présidence Mitt Romney. Évoquant un « moment décisif pour le président Trump », il l’a pressé de présenter ses excuses.

Mitt Romney intervient après d’autres personnali­tés du camp républicai­n, pourtant censées soutenir la Maison-Blanche.

Dans un discours devant des étudiants, le secrétaire d’État Rex Tillerson, sans se démarquer explicitem­ent des propos présidenti­els, a vivement « condamné le racisme et le fanatisme sous toutes leurs formes ». « La haine n’est pas une valeur américaine », a-t-il martelé.

FOX NEWS

Hors du champ politique, les critiques sont aussi restées vives. D’ordinaire discret, James Murdoch, patron de la maison-mère de la chaîne Fox News pourtant très prisée des soutiens de Donald Trump, a pris sa plume pour se démarquer.

Les événements de Charlottes­ville « et la réaction du président des États-Unis nous inquiètent tous en tant qu’Américains et peuple libre », écrit-il dans un message à ses « amis ». « J’ai du mal à croire avoir besoin d’écrire cela : s’élever contre les nazis est essentiel. Ou les membres du Ku Klux Klan, ou les terroriste­s », ajoute le fils du magnat australien des médias Rupert Murdoch, un proche du président américain.

NOUVELLES DÉMISSIONS

Après avoir dû dissoudre des instances qui l’entouraien­t pour le conseiller en matière économique en raison d’une vague de démissions de PDG qui en faisaient partie, Donald Trump est maintenant confronté au départ en bloc d’une quinzaine de membres de son conseil sur les arts et les humanités.

« Ignorer votre rhétorique haineuse nous aurait rendus complices de vos paroles et de vos actes », affirment-ils hier dans une lettre au président, qu’ils appellent également à la démission.

 ?? PHOTO AFP ?? Heather Heyer est morte après qu’un néonazi a foncé sur la foule au volant de son véhicule samedi dernier à Charlottes­ville.
PHOTO AFP Heather Heyer est morte après qu’un néonazi a foncé sur la foule au volant de son véhicule samedi dernier à Charlottes­ville.

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