Le Journal de Montreal

Moments marquants de l’histoire de Montréal

- gilles.proulx @quebecorme­dia.com Gilles Proulx

Montréal est la première ville au monde à avoir une station de radio diffusant plusieurs heures par jour des émissions à horaire fixe. Comment Montréal a-t-elle ainsi pu devancer des villes comme Paris, Londres ou New York ?

La réponse est simple : nos militaires n’avaient pas le monopole des ondes, alors que c’était le cas dans la plupart des pays dotés d’une armée puissante, où la radio était avant tout un outil de guerre. Or, le Canada n’a pas peur de qui que ce soit dans les années 1920. En 1918, au lendemain de la Grande Guerre, cette liberté d’émettre des signaux sans être contrôlé par le ministère de la Défense attire chez nous, près du square Phillips, l’un des pionniers de la radio, Marconi. Il installe sa petite station XWA au 135 de la rue William. Ottawa a quand même prévu contrôler le nom sous lequel s’enregistre­nt les stations, et c’est pour honorer le Canada que la lettre initiale des acronymes est le C. C’est ainsi que CFCF, la première station de l’histoire, qui est toujours active aujourd’hui, voit le jour à Montréal. Elle émettait au 600 de la bande AM, et le sigle voulait dire : Canada First, Canada Finest.

Rapidement, dès septembre 1922, le journal La Presse, pionnier en matière de technologi­e, lançait CKAC. Roger Baulu sera notre premier grand animateur, et sa carrière durera près de 70 ans ! Du côté du Vatican, on cesse rapidement de se défier de cette nouvelle technologi­e. Le pape Pie XI va même prendre la parole à la radio, celle du Vatican, pour propager la parole du Christ aux antipodes (après s’être laissé convaincre par Marconi).

MÉDIA CHAUD, MÉDIA FROID

Marshall McLuhan aimait à dire que la radio était un média chaud, tandis que la télévision était un média froid. À Montréal, pour des centaines de milliers de gens, le chapelet à la radio s’est imposé comme une nouvelle tradition. La voix du cardinal Paul-Émile Léger entre alors dans les salons des fidèles qui prient avec lui. Ce succès de l’Église à la radio ne se répétera pas à la télévision.

Singulière­ment, la technologi­e aujourd’hui dominante en matière de communicat­ion, l’internet, est née, elle aussi, d’une initiative militaire : il s’agissait de tisser une grande toile entre différents ordinateur­s pour préserver l’intégrité de leurs données si certains d’entre eux étaient détruits par une attaque nucléaire. Quant aux satellites qui nous localisent (GPS), il s’agit également à l’origine d’une applicatio­n militaire. Après avoir lancé CKAC en 1922, La Presse a de nouveau fait oeuvre de pionnier, en 2015, en remplaçant la version papier du quotidien par La Presse+, une applicatio­n pour tablette seulement.

 ??  ?? Alors qu’à New York, Paris, Rome, Londres et Berlin la radio est un instrument à vocation militaire fortement réglementé pour des raisons de sécurité nationale, à Montréal, métropole moderne elle aussi, mais sans le souci militaire (parce que le Canada...
Alors qu’à New York, Paris, Rome, Londres et Berlin la radio est un instrument à vocation militaire fortement réglementé pour des raisons de sécurité nationale, à Montréal, métropole moderne elle aussi, mais sans le souci militaire (parce que le Canada...
 ?? PHOTOS COURTOISIE DES ARCHIVES MUNICIPALE­S DE MONTRÉAL ?? La Presse
PHOTOS COURTOISIE DES ARCHIVES MUNICIPALE­S DE MONTRÉAL La Presse
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada