Le Journal de Montreal

Louise Deschâtele­ts

- louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Comment me faire aimer de mes petits-enfants?

Voici un résumé de ma vie pour que vous puissiez m’aider à régler mon problème. J’ai 82 ans et je suis veuve depuis 10 ans d’un homme que j’ai épousé sur le tard et avec lequel je n’ai eu qu’un fils. Obsédé par son travail, mon mari était peu présent à la maison. C’est donc moi qui ai élevé cet enfant et vu à son bien être. J’étais une mère exigeante, tout comme ma mère l’avait été avec moi. Mais je pense qu’il a su en tirer partie puisqu’il a fait d’excellente­s études d’ingénieur.

Puis il a épousé une fille avec qui je ne m’entendais pas bien. Tout nous séparait elle et moi. Ce qui fait que je les ai très peu vus pendant les 15 ans qu’a duré leur mariage. Leur divorce a été prononcé il y a un an, et depuis, mon fils tente un rapprochem­ent. De son union sont issus deux garçons qui ont 10 et 8 ans et que je ne connais pas beaucoup non plus.

Lors du divorce, mon fils a obtenu un droit de visite aux deux semaines ainsi que deux semaines complètes l’été et une au temps des fêtes. Comme je réside à l’extérieur de Montréal, que je bénéficie d’un vaste terrain avec piscine, lac en contrebas d’une maison immense où on peut ne pas se croiser pendant des jours entiers, mon fils qui ne jouit que d’un petit pied à terre à Montréal, m’a demandé de venir y passer son temps avec les enfants.

Comme je souhaitais renouer avec lui et connaître ses garçons, lesquels constituen­t ma seule famille, j’ai accepté de les recevoir chez-moi. Ce qui fait que depuis un an, je les ai avec moi régulièrem­ent. J’avais pensé que la fréquence de cette promiscuit­é aurait pu créer un lien entre nous, mais ce n’est pas le cas. Les garçons font comme si je n’existais pas. Ils ne m’adressent la parole que pour des besoins spécifique­s qu’ils ne peuvent pas combler par eux-mêmes ou par l’entremise de leur père. Autrement, ils m’ignorent.

Ils ne semblent intéressés que par les loisirs que ma résidence leur permet d’avoir, et par la présence de leur père qui devient leur principal centre d’intérêt. Cette partie là je la comprends puisqu’ils ne le voient quasiment pas en dehors de chez-moi, alors ils ont envie de se l’accaparer. Mais ça ne justifie pas qu’ils fassent comme si j’étais transparen­te.

Je ne souhaite aucunement des démonstrat­ions d’affection débordante­s et dégoulinan­tes. Mais un peu plus d’attention à ma personne ainsi que de respect, ne serait pas de trop. J’en ai parlé avec mon fils, mais il m’a retourné comme une crêpe en me rappelant ma propre enfance avec une mère froide et distante, ajoutant que ses fils n’étaient pas là pour combler mon manque.

J’ai donc cessé de lui en parler, sentant que lui-même n’avait pas envie de faire quelque effort que ce soit pour éduquer ses fils et leur faire comprendre qu’en tant qu’hôtesse de la maison où ils résident régulièrem­ent, je mériterais qu’ils fassent un effort pour me considérer un peu plus. Comment m’attirer la sympathie de ces garçons sans avoir l’air d’une mendiante? Esther

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