Le Journal de Montreal

Sept suspects dans une petite ville historique

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RIPOLL, Espagne | (AFP) Ripoll, petite ville catalane de 10 000 habitants au pied des Pyrénées, est sous le choc : ici, un groupe de jeunes Marocains a peut-être imaginé et préparé les pires attentats djihadiste­s commis en Espagne depuis 2004.

« Que des voisins depuis toujours finissent par te faire ça... », se lamente Maria, serveuse dans un café, qui refuse de donner son nom, dans une ville où tous se connaissen­t.

PERQUISITI­ONS

Les langues ne se délient guère que sous couvert de l’anonymat et la crispation était palpable après une journée d’arrestatio­ns et de perquisiti­ons, menées sous le regard des villageois par des policiers cagoulés.

Elles se succèdent depuis les deux attentats qui ont ensanglant­é jeudi Barcelone et quelques heures plus tard Cambrils, une station balnéaire.

Une nouvelle perquisiti­on a eu lieu hier pendant deux heures dans l’appartemen­t d’un imam de Ripoll, Abdelbaki Es Satty, d’après son colocatair­e, Nourddem, qui refuse lui aussi de donner son nom de famille à l’AFP.

« La dernière fois que je l’ai vu, c’était mardi et il m’a dit qu’il allait voir sa femme au Maroc », assure Nourddem.

D’après El Pais, qui cite des sources policières, l’imam pourrait être un des morts de l’explosion d’une maison, mercredi soir à Alcanar, dans l’extrême sud de la Catalogne.

BUVEURS DE BIÈRE

Ripoll, fière de son statut de ville historique, avec un imposant monastère du IXe siècle, aurait abrité au moins sept des 12 suspects impliqués dans les attentats : des jeunes de nationalit­é marocaine, pour certains nés ici de parents venus du Maroc.

Moussa Oukabir, 17 ans, né à Ripoll, mais marocain, son voisin d’immeuble Mohamed Hychami, 24 ans, né à Mrirt, et Said Aallaa, 18 ans, né à Naour au Maroc, ont été abattus par la police vendredi après avoir lancé à toute allure leur voiture sur la promenade de Cambrils.

Au moins quatre personnes sont en garde à vue, dont des habitants du village et un homme de Melilla, enclave espagnole en Afrique du Nord.

Un serveur assure en avoir croisé certains et leur avoir même « servi de la bière », à de nombreuses reprises.

Dans l’immeuble d’un des présumés terroriste­s, une famille pleure.

Yamila, une voisine, assure que Said Aallaa, leur fils, était un jeune bien et travailleu­r. « Un ami l’a appelé jeudi à 15 h et il est parti faire un tour », affirme-t-elle. C’était deux heures avant l’attentat de Barcelone.

Dans le village, on parle de radicalisa­tion récente de ces hommes, de jeunes filles qui se voilent davantage et de certains habitants devenus plus religieux et de moins en moins sociables.

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