Phénix, « digne du tiers-monde »
Les partis d’opposition à la Chambre des communes blâment le gouvernement libéral pour le fiasco
OTTAWA | Payer aussi mal ses employés n’est pas convenable pour un pays riche comme le Canada, s’accordent tant le gouvernement que les partis d’opposition. Ils ne s’entendent toutefois pas sur le responsable du fiasco.
« Nous sommes un pays développé, mais on dirait que nous avons une administration et des services publics dignes du tiers monde », lâche le député conservateur Kelly McCauley, qui blâme le Parti libéral pour avoir mis en oeuvre Phénix en février 2016.
Plus d’an après avoir présenté ses excuses, le gouvernement Trudeau rejette plutôt la faute sur l’ancien gouvernement conservateur pour avoir conduit le système à la catastrophe (voir encadré).
À ce jour, 330 M$ ont été prévus pour rattraper le retard de traitement des dossiers de paye bloqués. C’est autant que ce qu’a coûté le logiciel Phénix acheté à IBM.
SYSTÈME BRISÉ
« Ce n’est pas digne d’un pays comme le Canada. Surtout lorsqu’on parle de nos fonctionnaires. Nous serions les premiers à critiquer une entreprise qui ne paye pas ses employés. Ici, c’est le gouvernement fédéral », s’indigne la députée néo-démocrate Karine Trudel.
Tant le NPD que le Bloc québécois sont d’avis que le gouvernement actuel a une grande part de responsabilité dans ce fiasco pour avoir mis en place le système Phénix contre l’avis des syndicats en février 2016.
« Ça donne presque le goût de revenir au papier quand on voit que ça plante comme ça, commente le bloquiste Xavier Barsalou-Duval. En un an et demi, les libéraux n’ont pas trouvé de solution au problème. Je n’en reviens pas. »
À QUI LA FAUTE ?
Le gouvernement accuse plutôt son prédécesseur, qui a accordé le contrat de Phénix à la seule firme ayant postulé à l’appel d’offres, IBM, et qui a surtout centralisé le Centre de paye fédéral à Miramichi.
« Ce problème [est] créé par le gouvernement précédent, lorsque celui-ci a imprudemment mis à pied plus de 700 conseillers en rémunération », soutient le secrétaire parlementaire Steven MacKinnon.
L’opposition rétorque que ce sont plutôt les libéraux qui ont procédé trop rapidement avec l’installation de Phénix.
« C’est le plan des libéraux de cacher leur incompétence et ils doivent prendre leurs responsabilités. Ce sont eux qui sont allés de l’avant en installant le système », blâme le conservateur Kelly McCauley.
ABANDON
Les principaux syndicats demandent toujours au gouvernement d’abandonner le système de paye Phénix plutôt que de le réparer à grands frais, ce qui pourrait faire traîner les problèmes pour encore plusieurs années, selon eux.