Une ultime tentative de faire plier Hydro-Québec
Les travaux pour une nouvelle ligne électrique doivent commencer sous peu
La mairesse de Saint-Adolphed’Howard, Lisette Lapointe, soumet un ultime scénario alternatif à Hydro-Québec pour éviter que le panorama de son village bucolique des Laurentides soit « défiguré » par un projet controversé de ligne à haute tension.
Le Village de Saint-Adolphe a financé cet été une étude réalisée par un ancien ingénieur d’Hydro-Québec à la retraite, Jean-Claude Deslauriers, qui mise sur l’enfouissement partiel du projet de ligne de 120 kV du Grand-Brûlé-Dérivation Saint-Sauveur.
Cette ligne de 42,5 km, qui longe Saint-Adolphe sur une dizaine de kilomètres, est construite afin de répondre à l’augmentation de la demande d’énergie dans les Hautes-Laurentides, notamment à Mont-Tremblant.
Ce scénario inédit se ferait le long d’une route existante, près de Saint-Adolphe, pour minimiser les coûts. Il en coûterait 22 % de plus que le projet actuel d’Hydro, soit 126 millions $ plutôt que 98 millions $.
Par contre, il n’y aurait « aucun impact visuel sur le village et ses attraits touristiques », selon Mme Lapointe, rencontrée la semaine dernière à sa résidence de Saint-Adolphe.
COÛT CACHÉ
« Il y a un coût important qui n’est pas pris en compte par Hydro-Québec. On ruine tout le paysage », s’indigne la mairesse.
Dans ce tracé, environ 10 km de ligne souterraine sont inclus. Le réseau serait même plus robuste qu’avec le projet actuel, selon l’ingénieur qui a planché sur le scénario. Plutôt que de toucher directement 30 propriétaires, il n’en toucherait que 10. Il y aurait 30 pylônes de moins sur les 40 prévus.
SAGA
Il s’agit d’une véritable saga qui oppose Saint-Adolphe-d’Howard à Hydro-Québec.
Les artistes Claude Meunier et Guy A. Lepage, qui possèdent des maisons de campagne dans cette municipalité, avaient même dénoncé publiquement en 2013 ce qu’ils estimaient être des manigances de la part de la société d’État dans ce dossier.
Au début août, la MRC des Pays-d’enHaut a adopté une résolution pour que le premier ministre Philippe Couillard, le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles Pierre Arcand et le ministre de l’Environnement David Heurtel interviennent auprès d’Hydro-Québec afin que la société d’État « accepte d’échanger objectivement avec la municipalité de Saint-Adolphe » sur la proposition d’enfouissement partiel.
TRAVAUX IMMINENTS
Contactée hier, la porte-parole d’Hydro-Québec Geneviève Chouinard a dit qu’Hydro-Québec devait absolument commencer les travaux d’ici la fin de l’été.
« Nous avons tenté le plus possible d’accommoder les résidents de Saint-Adolphe et pris en compte plusieurs ajustements au projet », nous a-t-elle dit.
Dans une lettre datée du 4 août, l’actuel PDG d’Hydro-Québec, Éric Martel, refuse aussi toute nouvelle rencontre avec Mme Lapointe au sujet du projet.
« Nous ne pouvons pas acquiescer à votre demande », lui répond-il.