Le Journal de Montreal

Peut-on encore être modéré ?

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C’est l’époque des extrêmes extrêmes. Belle affaire !

D’un côté, l’alt-right, cette nouvelle extrême droite qui rejette le conservati­sme économique pépère style Harper, lui préférant un nationalis­me déréglé et ses cousins, le racisme, l’antisémiti­sme, le rejet des droits des femmes et des minorités sexuelles.

Ils ne sont pas nécessaire­ment violents, mais ils détestent, parfois à mort, ceux qui ne sont pas comme eux.

Attention, certains se déguisent en modérés.

Pire ennemi de la gauche traditionn­elle, l’alt-left, ou extrême gauche alternativ­e, vomit la social-démocratie autant, sinon plus que le capitalism­e. Elle ne veut pas améliorer la société, mais la casser pour instaurer un proto-anarcho-marxo-communisme que personne ne parvient à expliquer.

Ils ne parlent pas, ils crient. Ils n’agissent pas, ils « vargent ». On l’a vu hier à Québec. Pensez « Black Bloc » et antifa(cistes).

Ils se fichent du racisme ou des carrés rouges. Ils instrument­alisent la cause du jour par la violence pour susciter une répression étatique, ce qui, en retour, justifie leurs actions « libératric­es ».

ET NOUS ?

Au centre de la patinoire, il y a cette masse floue qu’on appelle les modérés. Vous et moi. Certains crèchent plus à gauche, enclins à voir en l’État la solution aux problèmes. D’autres, plus conservate­urs, croient que l’État fait partie du problème et préfèrent la responsabi­lisation individuel­le et communauta­ire.

Beaucoup sont en colère face à l’ineptie gouverneme­ntale, réelle ou perçue (le Canada n’est pas le Venezuela), mais ils n’achèteront pas de torches Tiki chez Canadian Tire ou de kits noirs à L’Aubainerie pour manifester en faveur du compromis.

Ils regardent les émeutes à la télé.

Leur cri de ralliement ? « Ça s’peut-tu ! »

UN PEU DE TORQUE

Désolée, mais c’est nul. Le centre mou doit raffermir ses pectoraux et s’affirmer. Les modérés sont plus nombreux que les clans de La Meute et tous les amis de Jaggi Singh réunis, même si La Presse ne leur a pas encore consacré un dossier en quatre volets.

Et c’est pourquoi je lance aujourd’hui l’alt-centre, la voie du milieu extrême.

Un espace sécuritair­e où il est permis de dire : « Je suis agacé par les migrants qui traversent la frontière illégaleme­nt, mais je ne veux pas qu’il leur arrive du mal. » Ou encore : « Je vis avec le foulard islamique, mais le niqab, pas capab. » Ou même : « Je suis allé au défilé de la fierté hier avec la famille. C’était formidable, mais je ne comprends pas les toilettes transgenre­s. »

Quand ils ont des pensées moins charitable­s, ils les gardent pour eux.

PAS VENDEUR

Mais voilà, la modération, c’est plate. Pas de bing, pas de bang, pas de boum. Rien pour nourrir les écrans en imageschoc­s.

Les modérés sont accusés, à tort, de « girouettis­me ». Inspirés par le bon sens, ils se méfient des idéologies contraigna­ntes et de l’hyperparti­sanerie, conscients que l’aveuglemen­t partisan empêche de reconnaîtr­e la bonne solution quand elle vient de l’opposition.

Un exemple : si Pauline Marois avait placé le Québec avant le Parti québécois en acceptant le compromis de François Legault sur la charte des valeurs, le Québec serait officielle­ment laïque.

Avertissem­ent : le pire ennemi de l’alt-centre, c’est l’alt-mollesse.

« Malheur à moi, je suis nuance. » – F. Nietzsche, philosophe allemand

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PHOTOS COURTOISIE La voiture de Justine Nesterenko (en mortaise)a complèteme­nt été détruite après un face-à-face, causé par l’alcool et la drogue, la semaine dernière, sur le pont Jacques-Cartier.

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