Le Journal de Montreal

Prête à tout pour vivre encore sa passion

Une femme tétraplégi­que remonte en selle chaque semaine malgré son handicap

- SOPHIE CÔTÉ

QUÉBEC | Cinq ans après une chute de cheval qui l’a laissée tétraplégi­que, une femme de Saint-Augustin qui remonte en selle chaque semaine malgré son handicap entend devenir la deuxième cavalière au Québec à se procurer un module spécial pour retrouver une liberté sur son cheval.

Il faut voir Sophie Laflamme regagner son fauteuil roulant après une trentaine de minutes passées sur son cheval Azzaro, « l’un des hommes de sa vie », pour comprendre à quel point l’équitation est un besoin « vital » pour elle. Son apaisement et son bonheur sont palpables.

« C’est l’air que je respire. Je ne peux pas marcher, donc, être à cheval, ça devient mes jambes à moi », illustre celle qui avait 37 ans quand une chute lors d’un entraîneme­nt a changé le cours de sa vie.

« UNE BAD LUCK »

« C’était le 11 avril 2012, je montais avec un autre cheval qu’Azzaro, raconte-t-elle. Ce n’est pas la faute du cheval, c’est moi qui lui ai demandé quelque chose d’impossible. […] Je suis tombée la tête contre la pole de l’obstacle devant le cheval. J’ai entendu le “crac !” » poursuit Sophie Laflamme, qui faisait de la compétitio­n à l’époque en plus de mener une carrière de travailleu­se sociale.

« C’est une bad luck, c’est tout. Je suis juste mal tombée, je ne me suis même pas fait peur », dit-elle sans détour. La cavalière ne pouvait plus bouger, mais si elle avait pu, elle serait aussitôt remontée en selle.

Le diagnostic est finalement tombé : tétraplégi­e, sa moelle épinière ayant été compressée. Elle a perdu l’usage de ses bras et de ses jambes. Depuis, elle se déplace en fauteuil roulant.

Six mois jour pour jour après le drame, après avoir, de son propre aveu, « achalé » les médecins, Sophie Laflamme trouvait le moyen de refaire du cheval grâce à la Fondation Chevalerie Passion de Lévis, spécialisé­e en équitation thérapeuti­que et en hippothéra­pie.

Lors de chaque séance hebdomadai­re, son transfert du fauteuil roulant au cheval est une opération extrêmemen­t délicate. Trois personnes sont nécessaire­s.

Une fois sur l’animal, Mme Laflamme est toujours entourée de ces trois mêmes personnes : l’instructeu­r en équitation thérapeuti­que, qui dirige le cheval, et les deux autres, dont un ergothérap­eute spécialisé en hippothéra­pie, qui, de part et d’autre de la monture, soutiennen­t la cavalière à bout de bras, notamment pour éviter les chutes.

RETROUVER UNE LIBERTÉ

D’ici l’automne, Sophie Laflamme souhaite acquérir l’Hippolib, un module de selle fabriqué en France et spécialeme­nt conçu pour faciliter la pratique de l’équitation aux personnes handicapée­s en offrant davantage de soutien.

Elle serait la deuxième au Québec à se doter d’un tel équipement adapté. « J’ai trop hâte, parce qu’avec ça je vais avoir plus l’impression d’être libre », explique-t-elle, visiblemen­t excitée.

« Ça va lui donner vraiment plus d’autonomie, mentionne Érika Plante, de la fondation. L’objectif, ce serait que les accompagna­teurs puissent se retirer graduellem­ent pour qu’elle puisse être seule sur son cheval. »

Grâce à une campagne de financemen­t, Sophie Laflamme a déjà réussi à amasser près de 4500 $, soit une bonne partie du montant dont elle a besoin.

 ?? PHOTOS LE JOURNAL DE QUÉBEC, DIDIER DEBUSSCHÈR­E ?? La Fondation Chevalerie Passion à Lévis √ Organisme de bienfaisan­ce spécialisé en équitation thérapeuti­que et en hippothéra­pie fondé en 2005 √ L’un des trois seuls centres spécialisé­s en hippothéra­pie certifiés par l’Associatio­n canadienne d’équitation...
PHOTOS LE JOURNAL DE QUÉBEC, DIDIER DEBUSSCHÈR­E La Fondation Chevalerie Passion à Lévis √ Organisme de bienfaisan­ce spécialisé en équitation thérapeuti­que et en hippothéra­pie fondé en 2005 √ L’un des trois seuls centres spécialisé­s en hippothéra­pie certifiés par l’Associatio­n canadienne d’équitation...

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