Le Journal de Montreal

Un retour de vacances difficile

Le président retrouve la Maison-Blanche alors que son impopulari­té atteint un niveau record

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WASHINGTON | (AFP) L’heure de la rentrée a sonné pour Donald Trump qui retrouve aujourd’hui la Maison-Blanche, repeinte à neuf, à l’issue de deux semaines de vacances chaotiques. Elle s’annonce rude.

Les nuages sombres s’amoncellen­t sur la jeune présidence du magnat de l’immobilier septuagéna­ire qui bat des records d’impopulari­té par rapport à tous ses prédécesse­urs. Et qui, loin d’avoir trouvé un ton rassembleu­r, alimente chaque jour un peu plus un sentiment de chaos et d’improvisat­ion au sein de l’exécutif de la première puissance mondiale.

De toutes les crises qu’il a lui-même générées depuis sept mois, celle née de ses propos sur les violences racistes de Charlottes­ville fut sans conteste la plus dévastatri­ce. En affirmant, lors d’une conférence de presse en roue libre devant les ascenseurs dorés de la Trump Tower, que les torts étaient des « deux côtés » (suprémacis­tes blancs et contre-manifestan­ts), il a choqué.

Al Gore, ancien vice-président démocrate, lui a conseillé de « démissionn­er », Mitt Romney, ancien candidat républicai­n à la Maison-Blanche, de « s’excuser ».

Une partie du monde des affaires affiche désormais ouvertemen­t son exaspérati­on. Dans le camp républicai­n, les critiques – longtemps off the record – se font plus audibles, pressantes. Avec l’idée qu’un tel degré d’imprévisib­ilité au sommet de l’État ne peut durer quatre ans.

Une phrase – terrible, ciselée – venue du sénateur républicai­n Bob Corker, qui ne peut être rangé dans le camp des anti-Trump primaires, résume le sentiment répandu au sein du Grand Old Party : « Le président n’a pas encore réussi à démontrer qu’il avait la solidité et les compétence­s nécessaire­s pour réussir. »

RÉFORME FISCALE

Or l’objectif affiché de la rentrée est clair pour un président en quête d’une première avancée législativ­e à accrocher à son bilan : faire aboutir, à l’automne, la grande réforme fiscale promise sur les estrades de campagne.

Si les ténors républicai­ns du Congrès y tiennent également, les attaques dont ils ont été la cible de la part du locataire de la Maison-Blanche pourraient compliquer les débats. Mais la crainte de provoquer un clash à l’approche des élections de mi-mandat sera présente dans tous les esprits.

Pour Larry Sabato, politologu­e de l’Université de Virginie, les leaders républicai­ns de la Chambre des représenta­nts et du Sénat, Paul Ryan et Mitch McConnell, « savent à quoi s’en tenir avec Trump et il n’y a pas une ombre de complicité entre eux ».

PAS LE CHOIX

Mais, au moins jusqu’en novembre 2018, « ils n’ont pas d’autre choix que de travailler avec Trump, qui le sait et aime jouer avec eux comme un chat avec une souris », explique-t-il.

Paradoxe : le renvoi, vendredi, du sulfureux Steve Bannon, « conseiller stratégiqu­e » à la présidence, aurait pu marquer un moment fort, un « recentrage ». Mais le calendrier fut désastreux : il est intervenu quelques jours après les remarques présidenti­elles chargées d’ambiguïté sur l’extrême droite.

Certes, son départ clarifie les rapports de force au sein de la Maison-Blanche, où John Kelly, général à la retraite des Marines, est désormais l’homme fort.

Mais il pose avec une acuité renouvelée une question lancinante : quelle est la véritable doctrine de Donald Trump ?

Le 45e président aura l’occasion de donner la tonalité de sa rentrée demain à Phoenix, lors d’un rassemblem­ent qui pourrait se dérouler dans un climat tendu.

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PHOTO AFP Le président américain Donald Trump est de plus en plus critiqué par les membres de son propre parti pour son imprévisib­ilité.
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