Le Journal de Montreal

La Caisse au coeur des transactio­ns à l’étranger

Entrevue avec Christian Dubé, vice-président, Québec

- PHILIPPE ORFALI

On pense souvent que nos fleurons se font acheter un à un. Pourtant, les données de la Caisse de dépôt et celles du gouverneme­nt du Québec démontrent le contraire. Comment expliquez-vous cela ? Il y a deux types d’entreprise­s : les très connues, comme SNC-Lavalin et Cogeco, qui font beaucoup les manchettes, où l’on voit qu’elles sont vraiment en mode acquisitio­n. Et il y a les plus petites, dont on entend moins parler. On les appuyait moins avant. Or, ce sont elles qui ont le plus besoin de notre appui. On met beaucoup l’accent sur elles, maintenant. Pourquoi les entreprise­s québécoise­s se tournent-elles vers l’étranger pour assurer leur croissance ? Sans croissance, c’est difficile pour une entreprise d’éviter de faire du surplace. L’économie québécoise croît à un rythme d’environ 1,2 %. On ne peut pas se limiter au marché local si on veut croître davantage. On n’a pas d’autre choix, pour atteindre cet objectif, que d’aller chercher sa croissance ailleurs. Aux États-Unis, mais encore plus dans les pays émergents. Quand on pense à la Chine ou à l’Inde, c’est sûr que des entreprene­urs québécois ont leur place là-bas. Le Québec achète-t-il donc plus maintenant ? Des entreprise­s d’ici qui se tournent vers l’étranger, il y en a assurément plus qu’avant. Du côté de la Caisse, on observe qu’il y a eu une augmentati­on marquée des transactio­ns depuis trois ans. Ce n’est peut-être pas un phénomène qui est généralisé à l’ensemble de l’économie québécoise, mais on constate que, parmi les sociétés de notre portefeuil­le, il y en a plus, parce que ça fait maintenant partie de notre stratégie. Y voyez-vous une sorte d’effet d’entraîneme­nt ? Plus on fait de transactio­ns, plus le message passe qu’on est là pour ça. Aujourd’hui, on peut aider les entreprise­s dans les démarches fiscales qu’elles ont à faire, dans l’établissem­ent de contacts pour obtenir du financemen­t local dans les pays où elles comptent acheter. On a plusieurs points de service à l’étranger qui sont là pour appuyer les entreprene­urs. Et comment éviter que nos entreprise­s soient achetées comme ce fut le cas pour RONA ou St-Hubert ? Nous, on a décidé d’appuyer le plus possible les entreprise­s. On a notamment créé un fonds de relève pour les entreprise­s (qui seraient sujettes à acquisitio­n). On est là pour faciliter la relève, le transfert des entreprise­s à des acheteurs (québécois). On ne pourra pas éviter toutes les transactio­ns, on le sait. Mais on est très présents lorsqu’elles surviennen­t. Est-ce qu’il y en aura d’autres ? Probableme­nt. Mais on travaille très fort à créer d’autres opportunit­és.

 ??  ?? Christian Dubé Vice-président de la Caisse de dépôt
Christian Dubé Vice-président de la Caisse de dépôt

Newspapers in French

Newspapers from Canada