La Caisse au coeur des transactions à l’étranger
Entrevue avec Christian Dubé, vice-président, Québec
On pense souvent que nos fleurons se font acheter un à un. Pourtant, les données de la Caisse de dépôt et celles du gouvernement du Québec démontrent le contraire. Comment expliquez-vous cela ? Il y a deux types d’entreprises : les très connues, comme SNC-Lavalin et Cogeco, qui font beaucoup les manchettes, où l’on voit qu’elles sont vraiment en mode acquisition. Et il y a les plus petites, dont on entend moins parler. On les appuyait moins avant. Or, ce sont elles qui ont le plus besoin de notre appui. On met beaucoup l’accent sur elles, maintenant. Pourquoi les entreprises québécoises se tournent-elles vers l’étranger pour assurer leur croissance ? Sans croissance, c’est difficile pour une entreprise d’éviter de faire du surplace. L’économie québécoise croît à un rythme d’environ 1,2 %. On ne peut pas se limiter au marché local si on veut croître davantage. On n’a pas d’autre choix, pour atteindre cet objectif, que d’aller chercher sa croissance ailleurs. Aux États-Unis, mais encore plus dans les pays émergents. Quand on pense à la Chine ou à l’Inde, c’est sûr que des entrepreneurs québécois ont leur place là-bas. Le Québec achète-t-il donc plus maintenant ? Des entreprises d’ici qui se tournent vers l’étranger, il y en a assurément plus qu’avant. Du côté de la Caisse, on observe qu’il y a eu une augmentation marquée des transactions depuis trois ans. Ce n’est peut-être pas un phénomène qui est généralisé à l’ensemble de l’économie québécoise, mais on constate que, parmi les sociétés de notre portefeuille, il y en a plus, parce que ça fait maintenant partie de notre stratégie. Y voyez-vous une sorte d’effet d’entraînement ? Plus on fait de transactions, plus le message passe qu’on est là pour ça. Aujourd’hui, on peut aider les entreprises dans les démarches fiscales qu’elles ont à faire, dans l’établissement de contacts pour obtenir du financement local dans les pays où elles comptent acheter. On a plusieurs points de service à l’étranger qui sont là pour appuyer les entrepreneurs. Et comment éviter que nos entreprises soient achetées comme ce fut le cas pour RONA ou St-Hubert ? Nous, on a décidé d’appuyer le plus possible les entreprises. On a notamment créé un fonds de relève pour les entreprises (qui seraient sujettes à acquisition). On est là pour faciliter la relève, le transfert des entreprises à des acheteurs (québécois). On ne pourra pas éviter toutes les transactions, on le sait. Mais on est très présents lorsqu’elles surviennent. Est-ce qu’il y en aura d’autres ? Probablement. Mais on travaille très fort à créer d’autres opportunités.