Le Journal de Montreal

Le consommate­ur oublié

- DAVID DESCÔTEAUX david.descoteaux@quebecorme­dia.com

Dans les négociatio­ns en cours sur l’ALENA, est-ce que quelqu’un s’occupe de défendre vos intérêts en tant que consommate­ur ?

Quand Donald Trump dit souhaiter augmenter à 800 $ la valeur des biens exemptés de taxes quand ils passent nos frontières, nous devrions nous réjouir. Mais non, c’est vu comme une mauvaise nouvelle, parce que les commerçant­s d’ici s’inquiètent.

Remarquez, ils ont raison de s’inquiéter, eux qui doivent facturer des taxes à leurs consommate­urs. Mais peut-on réfléchir à une solution en partant des intérêts du consommate­ur, au lieu de partir des intérêts de nos entreprise­s ? Dans ce cas-ci, au lieu de s’opposer à l’idée de Trump, nos élus devraient se creuser la tête pour trouver une façon de réduire le fardeau fiscal de nos entreprise­s. Baisser leurs taxes à elles aussi, pour qu’elles demeurent compétitiv­es.

LES LOBBYS PARLENT HAUT ET FORT

Quand les journalist­es ou les politicien­s parlent d’accords commerciau­x, qui présente le point de vue du consommate­ur ?

Ceux qui se font entendre haut et fort lors des discussion­s sur le libre-échange sont les lobbys, agissant pour les entreprise­s (ou les groupes de travailleu­rs) les plus susceptibl­es de perdre des acquis ou des parts de marché si la concurrenc­e étrangère arrive.

Le consommate­ur qui souhaite avoir plus de choix et payer moins cher ? Il est assez loin dans la liste des priorités. Les journalist­es font trop souvent leurs manchettes en parlant des entreprise­s directemen­t touchées par une ouverture au commerce, au lieu de se demander si cela profiterai­t à la majorité des citoyens.

Pourtant, un rapport du Sénat publié en 2013 révélait que malgré l’ALENA, il existe encore 8192 tarifs différents pour bloquer ou rendre plus cher des biens étrangers comme des pièces mécaniques, des produits laitiers ou de l’équipement de hockey. Ce sont des taxes déguisées imposées aux consommate­urs canadiens qui résultent souvent de pressions exercées par les différents lobbys.

PAS DE CHAISE POUR LE CONSOMMATE­UR

Et quand je regarde la liste des membres du comité de l’ALENA de la ministre Chrystia Freeland, qui négocient en ce moment en notre nom, je ne vois personne qui représente le consommate­ur ou le contribuab­le.

Certes, ce sont tous des gens de qualité qui peuvent avoir une feuille de route impression­nante, mais quand je vois que le comité inclut un ancien chef d’une grande banque, le président de l’Union des producteur­s agricoles, un « défenseur des arts et de la culture et ancien dirigeant syndical », plusieurs chefs ou anciens chefs d’entreprise­s ainsi qu’« un des dirigeants syndicaux les plus expériment­és du Canada », je me demande si les intérêts du consommate­ur feront réellement partie des priorités.

Remarquez que les consommate­urs américains, eux aussi, sont sans voix lors de ces négociatio­ns.

Eux qui doivent aujourd’hui payer plus cher leur bois d’oeuvre – et leurs maisons – parce que le lobby américain du bois d’oeuvre, lui, a une place de choix à la table.

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